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veut travailler pour Ie bien des homines, mais qui, desabuse par Ieur
mediocrite, se suicide, cherchant par sa mort a rejoindre !’esprit divin dont il
est une incarnation. A Ieur maniere, ces deux personnages refletent Ie
scenario du Credo qui Verum, Orsino en jouant avec fougue son role
individuel, Empedocle en depassant ce rðle pour se fondre dans la divinite
pantheiste, mais Γimmoralisme brutal d,Orsino et !’abdication d’Empedocle
devant !’action sont des reactions extremes dont 1’auteur ne se contente pas.
L’Affaire Dreyfus donne au probleme une nouvelɪe actualite. Deja
au-dessus de la melee, Romain Rolland resiste a Γesprit partisan; il est
conscient surtout de Faffrontement tragique de deux causes nobles,
patriotisme d’un cote, justice et verite de l’autre, et il 1’exprime dans une
piece intitulee Les Loups, ou !’Affaire se transpose aux armees de la
Revolution franςaise. Un officier d’origine aristocratique est soupςonne de
trahison grace aux machinations d’un autre officier sans-culotte qui se mefie
de lui. Un troisieme officier decouvre Ie pot-aux-roses, mais ne reςoit pas Ie
soutien de son commandant, qui a besoin de la bravoure militaire du sans-
culotte. Le suspect est guillotine, et son defenseur porte sa tete au Comite de
Salut Public. Cette tragedie, ou chaque participant joue un role noble a sa
faςon, est la premiere d’une serie de drames consacrees a la Revolution
franςaise qui, pour Romain Rolland, est plus qu’un simple episode
historique; c’est ‘une Tempete de 1’humanite, [...] un grand orage qui se
forme dans un ciel tranquille et Iourdement endormi [...], et qui apres avoir
couvert Ie monde de ruines, disparaɪt dans Ie ciel purifie et attendri’.7 Face a
ce mouvement cosmique, quel est Ie rðle de Findividu? C’est bien Fhomme
qui fait la revolution; Fheroisme du peuple franςais est fete dans la piece
consacree au Quatorze Juillet. Mais Findividu risque de s’y ecraser, et
Romain Rolland s’attache au sort tragique de ces revolutionnaires, grands et
petits, tous admirables a Ieur faςon, qui perissent dans des Iuttes fratricides.
C’est Saint-Just qui accepte avec la plus grande Iucidite la dimension
Cosmique de la lutte, et il termine la tragedie de la mort de Danton avec
Fenonce Iapidaire que ‘les peuples meurent, pour que Dieu vive’.8 Romain
Rolland regrettera ces mots dont Ie ton fanatique Ie hantera, mais ils
refletent bien son pantheisme; Ie rythme des grands cycles historiques est la
respiration de Dieu, et la vie individuelle des hommes est Fetoffe d’une
tragedie cosmique.
Ces pieces ont peu de succes, et Romain Rolland abandonne Ie
theatre. Dans les Cahiers de la Quinzaine de Peguy, il fait paraɪtre des
biographies, de Beethoven, de Michel-Ange et de Tolstoi, et son grand
roman, Jean-Christophe, dont Ie protagoniste est modele sur Beethoven.
Ces oeuvres sont individualistes dans la perspective heroique qu’elles
adoptent, mais Ie heros rollandien n’est pas un heros militaire. C’est plutδt