Traitement de texte et strategies redactionnelles
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Alors que les rcdacteurs ne precedent pas de Iagonidentiqueselon
les conditions de production, la qualitc du texte qu'ils composent n`'est
pas significativement diffcrente. Le travail d'claboration desidceseffectub
durant l'avant-texte (temps de planification et nombre total de traces
Ccrites) n'est pas corrclc a la qualitc du produit fini.
Une large part de ces observations est comparable avec les rcsultats
des recherches rapportces dans l'introduction : l'emploi d'un Traitement
de Texte contraint la rcalisation concrete des traces utiles a la planifica-
tion au point de n'etre employc par les rcdacteursque pourlamiseen
texte finale du produit. Dans le cadre de cette recherche, les rcdacteurs
n'ont, de plus, pas employc de proccdcs de substitution autre en exploi-
tant certaines des fonctionnalitcs du Traitement de Texte.
Il est alors surprenant de constater que suιrle papierplaceacote
de l'ordinateur, les rcdacteurs ne se livrent pas a un travail de planifica-
tion comparable - en temps et en nombre de traces de planification
produites - a celui effectuc par les sujets qui ne disposent que d'un
papier-crayon. Les rcdacteurs semblent savoir qu'ils peuvent tirer profit
des facilitcs offertes par le support informatique pour rcviser le texte
a l'ccran. Aussi, ils transforment en conscquence leur conception
d'ensemble de la tache. Les rcdacteurs dcveloppenlpeu Γavant-textesur
le papier qui constitue alors le support d'une simple activitc de type « jet
de notes ». Ils passent ensuite plus rapidement a la phase de composition
finale qu'ils contrδlent et rcajustent toutefois pardes relecturesetdes
rcvisions plus nombreuses. La faible prcparation du texte, traduite concre-
tement par une tres petite production de traces non-linguistiques de pla-
nification, est compensce par une recrudescence de modifications effec-
tuces a l'ccran. Compte tenu de la brievetc du texte a rcdiger (une vingtaine
de lignes), l'absence de travail d'organisation des idces est contrebalancc
sans difficultc par une recrudescence des rcvisions et les rcdacteurs par-
viennent a maintenir la qualitc du texte. Ces rcdacteurs confirmcs pour-
raient se cantonner a employer une « Stratcgie des Connaissances trans-
formces » qui implique un calcul sur les relations entre les idces et leur
ajustement a la situation de production plus important.
Il paraιt probable que c'est encore la longueurimposce au produit
donnc a rcdiger qui explique la faible rccurrence observce entre les pro-
cessus de planification et de mise en texte, les rcdacteurs se limitant a
planifier - au total fort peu dans les deux conditions expcrimentales
- puis a mettre en texte sans va-et-vient entre ces deux activitcs. Ainsi,
d'autres observations sont indispensables pour cvaluer si un changement
de tache rcdactionnelle (longueur, contenu, type de textes...) permettent
de confirmer ces rcsultats et interprctations.
Au total, la disposition des informations a l'ccran sous forme ncces-
sairement lincaire et l'absence de production de traces non-linguistiques
(fleche, rond, accolade, etc.) constituent un obstacle important a la pla-
nification des idces qui doivent etre dcveloppces dans un texte. Ces rcsul-
tats attendus ne sont pas nouveaux. Toutefois, le fait d'avoir observc,
pas a pas, la rcalisation concrete des traces linguistiques et non linguisti-
ques de planification a partir des propositions de Sharples et Pemberton
(1990), invite a un certain rcalisme quant aux amcliorations qu'il serait