Il est donc possible que la société de la connaissance se dote progressivement d'un système
monétaire différent. Et il y a des indications dans ce sens. En effet si la société de la
connaissance est en train de redécouvrir les bienfaits sociaux de l’échange et du don, parce
que c’est ainsi que l’on augmente la connaissance, il est très pensable que la monnaie suive le
même chemin et devienne centrée également sur ces valeurs traditionnelles qui ont fait la
trame des échanges depuis des millénaires. Or les systèmes de monnaies alternatives vont
précisément dans ce sens. Car mon compte est approvisionné si je rends des services. Plus je
rends service, plus j’accumule des euros alternatifs sur mon compte. Cette monnaie mesure
donc ma capacité à échanger, à donner et à interagir en réseau. N’est-ce pas la monnaie dont
on a besoin dans la société de la connaissance ?
2.13. Une nouvelle définition du travail
Le concept de travail qui prévaut encore et toujours a été forgé de toutes pièces par la société
industrielle. Non qu’on ne travaillait pas avant, mais la société industrielle a rassemblé dans
ce concept unique de "travail salarié" des valeurs aussi diverses que l’épanouissement
personnel, l’insertion sociale, le maintien économique de la famille, l’assurance de la pension,
le statut dans la société, etc. Si bien que si quelqu’un perd son travail dans la société
industrielle, il perd toutes ces valeurs d'un seul coup et subit, de ce fait, un dommage énorme,
incommensurable même. Dans l’avenir, il est tout à fait possible que toutes ces valeurs soient
à nouveau réparties en différents concepts et fonctions et que le concept de "travail salarié" se
modifie profondément.
On le voit actuellement aussi, la jeune génération est de plus en plus invitée par la nécessité, à
inventer son travail, à le créer dans l'économie de la connaissance. Et ce n'est souvent plus un
travail salarié classique. Car les structures industrielles ne fournissent que très rarement de
nouveaux postes de travail. Elles sont plutôt en train de "dégraisser" encore et encore, et de
mettre un maximum de robots au travail, ou de faire faillite. Il est donc probable que la société
de la connaissance va inventer un nouveau concept du travail dans la société.
2.14. Vers l’inclusion sociale
Une des caractéristiques majeures de la production de connaissance est qu’elle s’enrichit par
le biais du partage de l’information. On peut dire que la connaissance fonctionne comme
l'amour humain. Plus on en donne plus on en reçoit. Et on ne perd pas ce que l'on donne. Plus
la connaissance inclut de personnes différentes dans le partage, plus le réseau est divers et
inclusif, plus elle s'enrichit. Par conséquent, nous nous trouvons bel et bien devant une
logique inclusive. Nous sommes toutefois tellement imprégnés de notre credo industriel
dominant d’économie excluante que nous avons toutes les peines du monde à apercevoir la
nouvelle logique inclusive qui affleure. Il y donc ici une excellent nouvelle: il est possible
d'orienter cette nouvelles société de la connaissance vers une logique inclusive. On peut
envisager que le chef d'entreprise de demain aurait à cœur d'engager des non-qualifiés au sein
de son personnel, afin d'augmenter le potentiel de créativité et de connaissance implicite au
sein de son entreprise.
Un exemple "Men's Wear" aux USA
Mr Brutoco, président de la "World Business Academy" raconte l’histoire de cette importante
fabrique de costumes (« Men’s Warehouse »), où il est administrateur. La philosophie de cette
entreprise est assez exceptionnelle et avant-garde. Elle consiste à valoriser au maximum les
ressources humaines, la créativité et la responsabilité du personnel et de lui donner le
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