Document de travail du Centre d’études de l’emploi
ils apportent donc des enseignements généraux, de nature à fonder empiriquement les
priorités définies par la Stratégie de Lisbonne et par la Stratégie européenne pour l’emploi.
Premièrement, ils mettent en avant l’importance de l’éducation initiale, et soulignent la
pertinence des objectifs fixés à Lisbonne en 2000 (augmenter le pourcentage de personnes
atteignant un niveau d’éducation secondaire supérieur, et réduire le taux de sorties anticipées
du système scolaire). Deuxièmement, nos résultats soulignent la nécessité de dispositifs
d’accompagnement pour certaines transitions critiques, susceptibles de conduire à l’exclusion
durable du marché du travail : ainsi, le passage par le chômage pour les seniors comporte un
risque de passage vers l’inactivité (retraite, invalidité ou dispense de recherche d’emploi) qui
peut justifier des dispositifs en amont (maintien du contrat de travail et formation/accompa-
gnement vers un autre emploi, sur le modèle par exemple du contrat de transition profes-
sionnelle - CTP - en France). Les femmes et les jeunes, connaissant des mobilités importantes,
doivent également faire l’objet d’accompagnements spécifiques.
L’analyse de l’hétérogénéité entre pays, même si elle ne permet pas de distinguer entre ce qui
est lié aux différences de croissance économique et de niveau de chômage entre pays, et ce
qui résulte des institutions apporte néanmoins des résultats comparatifs intéressants.
L’analyse des données de transition confirme des typologies existantes (OCDE, 2006 ;
Amable, 2005), en soulignant par exemple les bonnes performances des pays du Nord et,
dans une moindre mesure, des pays libéraux en termes de fonctionnement du marché du
travail et de probabilité de réaliser une « bonne » transition. Les mobilités apparaissent
globalement moins favorables dans les pays continentaux (France, Allemagne, Belgique,
Italie). Toutefois, les résultats remettent en cause une vision trop uniforme des marchés du
travail des nouveaux pays membres et des pays du Sud, qui apparaissent ici fortement
hétérogènes : si la Hongrie se rapproche des Pays-Bas du point de vue du rôle joué par
l’inactivité, la Slovénie semble proche de la France du point de vue des difficultés de sortie
du chômage, tandis que l’Espagne et la Hongrie s’opposent au Portugal ou à la Grèce du
point de vue du rôle joué par l’emploi temporaire. La comparaison des marchés du travail
européens est donc enrichie par ce nouvel éclairage sur les transitions.
Cette analyse réaffirme ainsi l’importance d’une approche du marché du travail combinant
des données de flux de main-d’œuvre avec des données de stocks et appelle des prolon-
gements pour l’étude des transitions sur plus longue période lorsque les données seront
disponibles à terme sur une période de quatre ans.
Bibliographie
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