insertion peut donner lieu à la mise en place de politiques nouvelles qui cherchent à intégrer
les différentes dimensions de la durabilité mais aussi à une modification des politiques
préexistantes de façon à tenir compte des enjeux environnementaux et sociaux devenus
prégnants. Par « politique de développement durable », nous désignons donc à la fois les
nouvelles politiques qui se réclameraient directement du développement durable et les
politiques agricoles et rurales qui auraient été réaménagées. Nous présentons ici le cadre
général de notre analyse, d’abord par une explicitation de la méthodologie comparative
retenue, ensuite par une brève description des approches théoriques mobilisées.
1.1 Méthodologie comparative retenue
Nous comparons la façon dont l’appropriation du référentiel du développement durable est
venue influencer les trajectoires des politiques agricoles et rurales. De façon à respecter la
condition de « comparabilité » (Sartori 1994) des situations malgache et malienne, notre
démarche repose sur certains critères que nous explicitons ici. D’un point de vue
méthodologique, il est légitime de comparer les politiques de développement durable à
Madagascar et au Mali parce que ces deux pays partagent assez de points communs pour
rendre la comparaison valable et sont marqués par des différences suffisamment perceptibles
pour rendre la comparaison utile. De plus, les caractéristiques qui fondent ces points
communs et ces différences sont profondément significatives des modes de développement de
ces pays et de la structure de leurs secteurs agricoles et ruraux qui nous intéressent ici, ce que
nous démontrons par une rapide présentation de ces secteurs.
1.1.1 Madagascar et Mali: des situations comparables ?
D’un côté, Madagascar et le Mali partagent de nombreux points communs. Ce sont d’abord
deux pays dans lesquels l’agriculture est un secteur d’activité dominant mais qui présente de
nombreuses fragilités. L’agriculture contribue à la formation du Produit Intérieur Brut à
hauteur de 28% à Madagascar et de 37% au Mali ; elle représente 72% de la population active
à Madagascar et 79% au Mali (données FAOSTAT). Ces deux pays sont isolés
géographiquement, l’un du fait de son insularité et l’autre de par son enclavement sans aucune
ouverture maritime entre le Sahara au Nord et les pays riverains du Golfe de Guinée au Sud.
Ils ont également en commun la faiblesse de leurs réseaux d’infrastructures de communication
interne et leurs vulnérabilités alimentaires (risques de déficit et recours au marché
international). Les productions agricoles vivrières, fortement orientées par les demandes
internes, sont peu diversifiées. Elles sont par ailleurs faiblement monétarisées et fortement