agences d’aide tandis que les producteurs maliens contribuent depuis maintenant plus de
quinze ans, via leurs organisations, à la gouvernance du secteur agricole et rural, et sont partie
prenante des processus d’élaboration des politiques. Par ailleurs, l’économie agricole
malienne est fortement dépendante des cours du coton sur un marché mondial très
concurrentiel tandis que Madagascar se trouve en situation de quasi-monopole sur le marché
mondial pour plusieurs de ses produits de rente comme la vanille ou le litchi. En outre, si les
deux pays sont confrontés à des problématiques de dégradation environnementale, leurs
dotations en capital naturel sont sensiblement différentes : Madagascar dispose d’un
patrimoine naturel riche6 tandis que les conditions naturelles du Mali en font un pays aux
ressources naturelles fragiles, en déséquilibre écologique et fortement marqué par la
récurrence de phénomènes climatiques. Enfin, si les économies malgaches et maliennes
restent fortement agricoles, les pays ont entrepris des processus de diversification économique
différents : au Mali, l’or est le premier secteur d’exportation, mais l’activité minière ne génère
pas de retombées significatives en termes de revenus sur la population (de plus, les bénéfices
réalisés par l’activité aurifère sont dépendants des fluctuations des cours internationaux, ce
qui représente un facteur additionnel d’instabilité) ; à Madagascar le textile et les services
constituent des secteurs importants d’exportation, et résultent d’une volonté du gouvernement
d’attirer l’investissement étranger, notamment par la création de zones franches.
1.1.2 Recherche des facteurs explicatifs des dissemblances par la comparaison
Notre analyse s’appuie sur des études menées au Mali et à Madagascar par deux équipes
distinctes se référant, de façon systématique et critique, à une même grille d’analyse. Le
travail de ces équipes s’inscrit dans le cadre du projet de recherche Propocid7, ce qui renforce
l’homogénéité d’ensemble de l’analyse. Notre démarche se déroule en deux temps : d’abord
nous mettons en évidence l’existence de divergences dans les formes que revêtent les
politiques de développement durable à Madagascar et au Mali ; ensuite nous cherchons à
identifier les facteurs potentiellement explicatifs de ces divergences. Cette façon de procéder
en insistant sur les dissemblances correspond à la méthode des variations concomitantes, dont
l’intuition a été présentée par John Stuart Mill en 1843, et qui peut être résumée comme suit :
il s’agit « d’interpréter les variations qui affectent un objet social en les ramenant aux
différences constatées dans le mode d’action de tel ou tel facteur, toutes choses étant égales
par ailleurs » (Frognier 1994). Nous cherchons bien à interpréter les dissemblances qui
6 Biodiversité de la faune et de la flore, forêt primaire, écosystèmes littoraux...
7 Projet ANR-06-PADD-016 « Production des politiques autour du développement durable » financé par
l’Agence Nationale de la Recherche au titre du Programme Agriculture et Développement Durable.