contraintes par la fragilité des ressources naturelles2 et présentent des niveaux
d’intensification et de productivité limités. Les secteurs agricoles de ces deux pays sont
engagés dans des mutations économiques marquées par une volonté d’ouverture économique,
notamment dans le cadre de l’intégration à des marchés régionaux3. Les processus de
libéralisation engagés se heurtent à des problèmes de dysfonctionnement des marchés, en
amont comme en aval des exploitations agricoles. Les zones de productions agricoles
stratégiques ont traditionnellement bénéficié (et bénéficient encore souvent) du soutien direct
des politiques publiques : il s’agit au Mali de la zone méridionale où se situe la production de
coton et de l’Office du Niger, berceau de la production de riz et à Madagascar des Hautes
Terres et du Lac Alaotra pour la production de riz. Cette focalisation des politiques sur
certaines productions tend à créer des «zones marginales», oubliées des politiques. Le Mali et
Madagascar correspondent également à des pays dans lesquels le processus de
démocratisation de l’accès au pouvoir est relativement récent et dans lesquels les collectivités
territoriales sont en cours de constitution. Ce sont enfin deux pays marqués par des niveaux
élevés de pauvreté, en milieu urbain comme en milieu rural, et qui, de fait, sont fortement
dépendants de l’aide extérieure. Madagascar se trouvait au 143e rang et le Mali au 173e rang
sur 177 pays classés en matière d’Indicateur de Développement Humain (données Programme
des Nations Unies pour le Développement)4. L’Aide Publique au Développement représente
13% du PIB à Madagascar et 20% au Mali (données World Development Indicators). Dans
les deux pays, la question des trajectoires futures de développement se pose de manière aiguë
entre, d’une part, des secteurs agricoles importants en termes d’emploi mais faiblement
compétitifs (d’où la récurrence des crises alimentaires5) et, d’autre part, des voies de
diversification limitées par la faible attractivité des investissements dans les secteurs
secondaires et tertiaires.
D’un autre côté, Madagascar et le Mali présentent des divergences structurelles à la croisée
des enjeux de durabilité, des choix de développement et de l’équilibre des rapports de force
entre acteurs. La structuration du monde paysan est limitée à Madagascar du fait de la
fragmentation des initiatives collectives jusqu’à récemment encore largement dépendantes des
2 Outre les aléas climatiques, la production agricole doit faire face à une dégradation accélérée des ressources
naturelles : érosion des sols et déforestation, désertification au mali, réduction de la biodiversité à Madagascar.
3 Union Economique et Monétaire Ouest Africaine et Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest
dans le cas du Mali ; Common Market for Eastern and Southern Africa, Southern African Development
Community et Commission de l’Océan Indien, dans le cas de Madagascar.
4 L’Indicateur de Développement Humain situe Madagascar dans le groupe à développement humain moyen et le
Mali dans le groupe à faible développement humain.
5 Notamment dans le Nord du Mali qui souffre d’un manque grave au niveau alimentaire et dans la zone Sud de
Madagascar, seule zone non productrice de riz