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Introduction
« il y a peut-être une transcendance vivante, dont la
beauté fait la promesse, qui peut faire aimer et
préférer à tout autre ce monde mortel et limité »?
Pour diverses raisons et dans divers registres, Charles Baudelaire, Jacques Prévert
et Aimé Césaire font indéniablement partie du patrimoine littéraire de la langue française.
Baudelaire se présente plutôt comme un esthète en lettres et en arts et attire un public à la
fois d’artistes et d’intellectuels « avant-gardistes ». L’érudition du poète ne fait aucun
doute tant par sa connaissance d’écrivains importants — tels que Victor Hugo, Edgar Poe
et Théophile Gautier — que par l’abondance de ses essais critiques sur l’art et la
littérature. Parfois marginalisé à son époque, il est sans conteste aujourd’hui un auteur
canonique ; des critiques et littérateurs de son siècle comme de notre temps considèrent
irremplaçable son apport aux lettres françaises et à la critique artistique. Arthur Rimbaud
admire les qualités perceptives du poète jusqu’à le consacrer précurseur du mouvement
symboliste en étant « le premier des voyants, roi des poètes, un vrai Dieu ».2 Marcel
Proust le tient tout simplement « pour le plus grand poète du XIXe siècle ».3 Dans son
texte « A propos de Baudelaire », qui relève les caractéristiques esthétiques du poète,
Proust le compare, et très souvent le préfère, à Victor Hugo.4
1 Albert Camus, L’Homme révolté (Paris : Gallimard, 1951) 319.
2 Arthur Rimbaud, « Lettre à Paul Demeny », 1871, Œuvres complètes, ed. Antoine Adam (Paris :
Gallimard, 1971)253.
3 Marcel Proust, «A propos de Baudelaire», 1921, Contre Sainte-Beuve, ed. Pierre Clarac (Paris:
Gallimard, 1971)618.
4 621 ; 622.