halshs-00456498, version 1 - 15 Feb 2010
IV. LA CHINE A LA CROISEE DES CHEMINS ?
Au-delà des mouvements conjoncturels, cette crise du
système financier international pourrait avoir des retombées
importantes dans le champ des relations internationales, en
particulier entre la Chine et les Etats-Unis. On peut tenter ici
d’ébaucher quelques pistes de réflexion.
Juste avant la crise, les relations entre la Chine et les Etats-
Unis étaient qualifiées de « carcan stratégique » (Réveillard
et Charpentier, 2007). La crise dite des subprimes combinée
au déroulement du Sommet de Copenhague sur le climat
(décembre 2009) pourrait marquer un tournant dans la
relation. La Chine semble en effet vouloir affirmer son
indépendance et sa faible appétence pour le multilatéralisme.
La Chine participe activement depuis de nombreuses années
au financement de la dette américaine (elle détient en 2009
800 milliards de dollars de Bons du Trésor). Néanmoins
depuis la crise, des voix s’élèvent en Chine pour argumenter
en faveur de « placements » moins risqués, et plus
directement bénéfiques à l’économie domestique, dans le
soutien à l’innovation ou à la consommation intérieure
notamment (Morrison, 2009). L’attitude des autorités
chinoises considérée par les médias comme humiliante vis-à-
vis du Président Obama à Copenhague11 pourrait bien être
l’indicateur de cette évolution de la stratégie chinoise envers
les Etats-Unis. Certains observateurs vont jusqu’à mentionner
« l’érosion sensible des capacités hégémoniques des Etats-
Unis » (Carroué, 2009), au bénéfice d’autres acteurs comme
la Chine. Comme le souligne Rodrik dans le titre de son
article de décembre 2009, il va falloir faire de la place à la
Chine dans les négociations internationales.
11 The Guardian.co.uk, 22 December 2009.
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