G. Gilder reproche aux économistes de ne pas savoir rendre compte correctement de l’action
entrepreneuriale. Il partage ce point de vue avec Hayek qui avait la dent dure contre les
intellectuels. Paradoxalement, il reconnaît que ce sont les économistes marxistes qui ont le
mieux rendu compte de son activité. Il souligne que Marx avait su reconnaître à la bourgeoisie
un génie productif sans précédent, et qu’il attribuait au capitalisme un rôle, certes provisoire,
mais néanmoins essentiel dans le progrès économique. Il insiste toutefois sur le fait que
l’entrepreneur n’est pas soumis de façon aveugle aux forces de l’économie, contrairement à ce
que Marx prétendait.
3.2. L’entrepreneur, sa famille et son réseau
Outre G. Gilder, d’autres économistes (en grande partie anglo-saxons) se sont intéressés à
l’entrepreneur au début des années 1980 en proposant des modèles (parfois mathématiques)
pour évaluer à la fois les facteurs qui ont déterminé leur décision d’entrepreneur, mais aussi
son rôle et sa place dans l’économie. Pour expliquer la réussite entrepreneuriale, Casson met
en évidence deux facteurs : la famille (création d’un réseau de relations pour trouver des
financements et des marchés) et la maîtrise de l’information (pour trouver des moyens de
financement et des marchés)
Comment Casson définit-il l’entrepreneur ? L’entrepreneur est quelqu’un de spécialisé qui
prend des décisions réfléchies relatives à la coordination de ressources rares. Puis il détaille
les différentes parties de sa définition :
• l’entrepreneur est quelqu’un. Il est un individu. Il n’est ni une équipe, ni un
comité, ni une organisation.... Seuls les individus sont capables de prendre des
décisions.l’entrepreneur est quelqu’un de spécialisé : un spécialiste remplit sa
fonction non seulement pour son propre compte, mais aussi pour celui d’autres
personnes.
• L’entrepreneur prend des décisions réfléchies : une décision réfléchie correspond
au fait que des individus distincts partagent les mêmes objectifs et agissant dans un
même contexte peuvent prendre des décisions opposées car ils ont une vision
différente d’une situation donnée.
• L’entrepreneur coordonne des ressources rares, le capital et le travail : la
coordination peut être définie comme une réallocation avantageuse des ressources.
L’entrepreneur est donc un agent du changement. Il cherche à améliorer
l’affectation des ressources qui sont rares en fonction de l’offre et de la demande.
Pour Casson, cette définition est valable, quel que soit le cadre institutionnel considéré.
L’entrepreneur n’est pas une catégorie typique de l’économie capitaliste. Il pourrait être le
planificateur d’une économie socialiste ! La famille et l’information conditionnent la réussite
entrepreneuriale. L’information englobe les opportunités de profit. Quels sont les marchés
(solvables) effectifs ou à créer ?
La famille constitue une source notable d’informations effectives et potentielles. La
connaissance même de sa propre famille peut se transformer en avantage. La famille apporte
aussi des conseils, souvent une aide matérielle, mais aussi des capitaux. Mais, la réussite
entrepreneuriale est aussi limitée par la fortune familiale et par l’éventail des compétences
familiales disponibles.
L’entrepreneur est confronté à de multiples barrières à l’entrée :
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