sa maîtrise du marché. Mais, dans la mesure où l’innovation permet de renforcer la position
de l’entreprise sur le marché, elle peut être considérée comme un moyen de faire face à
l’incertitude. L’entrepreneur, par son innovation, définit les nouvelles règles du marché.
Dans son dernier ouvrage, Capitalisme, socialisme et démocratie, publié en 1942, Schumpeter
est très pessimiste sur le devenir du capitalisme. Il reprend l’analyse de Marx, et à la question
« le capitalisme peut-il survivre ? », il répond « Non ». Ce n’est pas parce qu’il imagine une
révolution politique, la victoire du prolétariat sur les possédants, mais parce que le
développement du capitalisme engendre la disparition de la concurrence. Les entreprises sont
de taille de plus en plus importante. Ce sont de plus des organisations puissantes, des
organisations bureaucratiques. Schumpeter insiste sur l’idée suivante : l’entrepreneur est
remplacé par l’organisation. L’activité d’innovation n’est plus le fait de l’entrepreneur, mais
d’équipes constituées par un personnel spécialisé qui n’a pas de lien direct avec le marché, le
consommateur. Dans ces conditions, les affaires, la création d’entreprises ne constitue plus
une aventure, un moyen de se réaliser personnellement. Dans un monde dominé par les
grandes entreprises, le marché est figé. Ce les terrains de la culture, du sport, des arts, etc. qui
constitueront pour l’avenir le moyen de se réaliser personnellement.
Cette conception de l’économie sera reprise à la fin des années 1960 par l’économiste
keynésien J. Galbraith. Il est connu pour avoir principalement publié (en 1968), Le nouvel état
industriel. Il explique que l’économie est dominée par une technostructure, composée de
managers et d’actionnaires. Les premiers sont des salariés. Ils veillent sur la croissance de
l’entreprise. Leur objectif est le profit et l’accroissement des parts de marché de l’entreprise.
Les actionnaires cherchent en revanche à accroître le montant des dividendes. Dans ces
conditions les actionnaires souhaitent que l’entreprise redistribue les profits qu’elle réalise, et
qu’ils ne soient pas réinvestis dans la croissance future de l’entreprise.
Galbraith met ainsi en évidence un conflit entre les actionnaires et les gestionnaires. Dans ce
conflit, en période de forte croissance, ce sont les gestionnaires qui l’emportent. La théorie de
la gouvernance élaborée à la fin des années 1970 met en évidence un rapport de forces tout à
fait inversé puisque ce sont à présent les actionnaires qui ont le dessus dans ce conflit.
L’important ce sont à présent les dividendes. Pourquoi un tel changement ? La réponse se
trouve dans le développement du marché financier.
2.3.4. L’incertitude, le risque et l’information
A partir des années 1920, certains économistes libéraux vont comme Schumpeter chercher à
améliorer la théorie économique libérale, et plus particulièrement le modèle de la concurrence
pure et parfaite. L’une des cinq hypothèses du modèle est l’absence d’incertitude. agissent
dans un environnement certain. Ils sont en possession de toutes les informations nécessaires
(informations sur les prix, sur les quantités de produits disponibles sur le marché). Cette
image du marché ne correspond pas à la réalité économique. C’est pour cette raison que
certains économistes libéraux ont introduit l’entrepreneur dans leur analyse. L’entrepreneur
devient alors la personnification de l’incertitude. Quels sont ces économistes ? Quelle est leur
position ?
• F. von Hayek : les intellectuels n’ont rien compris de l’entrepreneur. Les agents
économiques agissent dans l’ignorance des décisions des autres agents économiques
(théorie de l’ignorance).
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