Comme J-B. Say, A. Marshall fait jouer l’entrepreneur sur le plan micro-économique (quelles
sont les qualités de l’entrepreneur ?), mais aussi sur le plan macro-économique (le nombre
d’entrepreneurs dans une économie est un élément de dynamisme).
2.3.2. L’entrepreneur, fonction de production
L’économie néo-classique apparaît à la fin du 19ème sous la plume de Léon Walras. Il reprend
le principe de la « main invisible » énoncé par A. Smith, et pour prouver scientifiquement ses
dires, il utilise les mathématiques. Il définit des fonctions de production qui représente
l’activité de production Y = f (W, K), Y = niveau de production, W = quantité de travail
utilisée, K = quantité de travail utilisée. Y, K et W sont des agrégats. Y est la quantité
produite ; W, nombre de salariés quel que soit leur niveau de qualification et K représente les
machines, les bâtiments, les matières premières... La fonction de production ne laisse aucune
place ni l’entrepreneur, ni l’initiative individuelle. Ce qui est paradoxale pour un auteur qui
considère que l’initiative individuelle est le moteur du capitalisme.
2.3.3. L’entrepreneur innovateur moteur de la destruction créatrice du capitalisme
J. Schumpeter est avec Cantillon et Say le principal représentant de la théorie de
l’entrepreneur. L’œuvre de Schumpeter se divise en deux. D’abord, le Schumpeter jeune
publie en 1912 Théorie de l’évolution économique où il explique que l’entrepreneur est le
moteur du capitalisme. Il s’inscrit dans la continuité critique des travaux de Walras.
Schumpeter est très critique vis à vis de Walras expliquant que son analyse est incapable
d’expliquer la crise et la croissance. « Etre entrepreneur, écrit Schumpeter, n’est pas une
profession ni surtout, en règle générale, un état durable ». (page 112)
Schumpeter définit l’entrepreneur comme l’agent économique qui réalise de nouvelles
combinaisons de facteurs de production. Quelles sont ces nouvelles combinaisons ?
L’exécution de nouvelles combinaisons englobe les cinq cas suivants :
• fabrication d’un bien nouveau, c’est à dire encore non familier au cercle des
consommateurs ou d’une qualité nouvelle d’un bien,
• introduction d’une méthode de production nouvelle, c’est-à-dire pratiquement
inconnue de la branche intéressée de l’industrie ; il n’est nullement nécessaire qu’elle
repose sur une découverte scientifiquement nouvelle et elle peut aussi résider dans de
nouveaux procédés commerciaux pour une marchandise,
• ouverture d’un débouché nouveau, c’est à dire d’un marché où jusqu’à présent la
branche intéressée de l’industrie du pays intéressé n’a pas encore été introduite, que ce
marché ait existé avant ou non,
• conquête d’une source nouvelle de matières premières ou de produits semi-ouvrés ; à
nouveau, peu importe qu’il faille créer cette source ou qu’elle ait existé
antérieurement, qu’on ne l’ait pas prise en considération ou qu’elle ait été tenue pour
inaccessible,
• réalisation d’une nouvelle organisation, comme la création d’une situation de
monopole ou l’apparition brusque d’un monopole.
A travers les nouvelles combinaisons, Schumpeter définit l’innovation. L’innovation, on le
constate, ne peut être définie comme quelque chose d’entièrement nouveau. L’innovation,
c’est ce qui permet à l’entrepreneur de réaliser des profits. La notion de risque et d’incertitude
mise en avant par Cantillon ou Say ne transparaît pas dans l’analyse de Schumpeter.
L’innovation peut se définir comme le moyen d’accroître le profit de l’entreprise, de renforcer
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