plus dignes d’intérêt. J. K. Galbraith parle du petit entrepreneur en des termes peu gratifiants.
C’est un individu peu instruit et un peu frustre. En bref, un personnage peu civilisé. Pendant
cette période, seuls le manager et l’actionnaire sont dignes d’intérêt aux yeux des
économistes. Quant aux sociologues, ils focalisent leur attention sur les salariés (Linhart,
Friedmann) et sur l’organisation du travail dans les grandes entreprises. Nous sommes en
période de forte croissance, de croissance infinie, semble-t-il. L’optimisme est de règle en
dépit d’un contexte international qui reste troublé.
Mais, ce désintérêt pour le petit entrepreneur réside-t-il dans la difficulté d’analyse ? Il
appartient à une catégorie sociale intermédiaire entre la classe des capitalistes et celle des
salariés. Il possède ses moyens de production (il est souvent propriétaire de son entreprise),
mais ses revenus sont généralement inférieurs à ceux d’un cadre moyen. Il est fréquent qu’il
s’endette pour créer son entreprise. Il vit de plus dans un contexte permanent de forte
incertitude. Ce contexte est le résultat du ralentissement de la croissance économique depuis
le début des années 1980, mais aussi (et l’un et l’autre sont liés) du mode de gestion des
entreprises (zéro défaut, zéro stock, etc.), tout se passe comme si les entreprises vivaient au
jour le jour, ne se projetaient plus dans l’avenir comme elles le faisaient pendant la période de
forte croissance économique. Est-ce pour cette raison que l’ambition du petit entrepreneur se
limite à la survie de son entreprise, rarement à son expansion ?
1.2. Une nouvelle organisation économique
Depuis la seconde guerre mondiale (et même bien avant, depuis le début du 20ème siècle), les
économistes, mais aussi les responsables politiques considèrent que l’économie serait à
moyen ou long terme dominée par les grandes entreprises, seules capables de faire face aux
exigences de l’économie nouvelle alors en train de se constituée, modelant l’équation
suivante : production de masse = consommation de masse. En bref, les petites entreprises
devaient disparaître parce qu’incapables de s’adapter à la modernité (faiblesse des moyens
financiers, marchés réduits, manque de personnel qualifié, faible capacité à innover, etc.)
Cette attitude négative sur le plan économique se répercute sur les plans politique et social. A
l’heure actuelle, le schéma « production de masse = consommation de masse » est toujours de
mise, mais l’organisation économique a changé.
Années de forte croissance (1950-1970) |
Consommation de masse = Production de Concentration industrielle Entrepreneur = survivance d’un passé révolu |
Ralentissement de la croissance économique |
Consommation de masse = production de Entreprise réseau Entrepreneur = amortisseur des aléas du |