L’entrepreneur n’a pas pour l’heure la capacité à innover. Il est vrai que les écrits de Cantillon
remontent au milieu du XVIIIème siècle, c’est-à-dire à un moment où l’activité
manufacturière se trouve encore à un stade embryonnaire. Ce qui ne signifie pas cependant
que les individus de cette période n’ont pas changé à améliorer les performances techniques
de leurs outils, sinon la révolution industrielle n’aurait pas eu lieu.
2.2. Les premiers pas de la société industrielle ou l’entrepreneur marginalisé
2.2.1. Le propriétaire terrien, le capitaliste et le travailleur
Les économistes classiques (A. Smith, D. Ricardo, R. Malthus) ne vont guère témoigner
d’intérêt pour l’entrepreneur. Leur analyse est macroéconomique. Ils se préoccupent du
mouvement d’ensemble de l’économie, sans s’attacher au rôle particulier de tel ou tel agent
économique. Le vocable d’entrepreneur est quasiment absent de leurs écrits. Ils ont de plus
tendance à employer le terme de « capitaliste » pour celui de l’entrepreneur. Comme le fera
également K. Marx. Pour les économistes classiques la société se présente de la façon
suivante :
________Groupe social________ |
Ressource valorisée |
___________revenu___________ |
Les propriétaires terriens |
___________La terre___________ |
___________La rente___________ |
________Les capitalistes________ |
__________Le capital__________ |
___________Le profit___________ |
________Les travailleurs________ |
__________Le travail___________ |
__________Le salaire___________ |
Pour les économistes classiques cependant l’initiative individuelle joue un rôle économique
majeur. Les agents économiques n’ont qu’un seul objectif : satisfaire leur intérêt (s’enrichir,
consommer tel ou tel bien). Il n’est pas dans l’intérêt de chacun de tromper l’autre. Par
exemple, le boucher qui sert de la viande mauvaise qualité perd sa clientèle. Il y a donc bien
une espèce de « main invisible » qui conduit les individus selon une façon déterminée.
L’analyse des économistes classiques est centrée sur ce principe. Pour A. Smith la richesse
d’une nation dépend principalement de la division du travail. Ainsi, le progrès de la richesse
implique une spécialisation croissante des hommes. La division du travail accroît la revenu
sans exiger une coordination administrative de l’activité des hommes : celle-ci tend
spontanément à produire les quantités de biens qui sont demandées. Pour A. Smith le
développement des sociétés est un processus complexe qui entraîne une transformation des
techniques de production, une évolution des goûts, une mutation des relations de dépendance
et de formes de gouvernement. Il s’agit donc bien d’un processus d’ensemble dans lequel
l’entrepreneur n’occupe pas une place particulière.
L’Etat n’est absent de ce processus :
• L’Etat intervient en particulier pour protéger la propriété privée, pour protéger le riche
contre le pauvre,
• L’Etat doit protéger la société contre la menace d’une agression extérieure,
• L’Etat doit protéger chacun des membres de la société contre l’injustice,
• L’Etat doit créer et entretenir des institutions et des ouvrages publics. Les institutions
publiques peuvent avoir pour objectif de faciliter le commerce. Elles seront créées
pour bâtir ou entretenir les routes, les canaux, les ponts ou les ports, pour frapper la
monnaie ou pour assurer le service de la poste. Ces biens ne sont pas par nature, selon
A. Smith, des biens collectifs. Mais l’importance des sommes à avancer justifie
l’intervention de l’Etat.