DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
CIRCUITS DE DISTRIBUTION DES ENTREPRISES VITINICOLES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
2. Les “diversifiées”
Le groupe le plus important en effectif (environ 40 0Zol
pour le tiers du CAJ1 qu'on peut qualifier de "diversifiées",
concerne des structures qui utilisent divers circuits. Ces
opérateurs restent cependant généralement largement
dépendants des metteurs en marché (négoce traditionnel
ou autre) ; les deux tiers trouvent plus de 65 0Zo de leurs
débouchés auprès du négoce, qui assure environ 60 0Zo du
CA du groupe. Au sein de ce groupe les caves de
vinification dominent (70 0Zo), de même que les entreprises
de petite taille (plus des 2/3 ont un CA inférieur à 3,5
M€). Plus de la moitié exporte (20 0Zo des exportations),
huit sur dix vendent aux particuliers, la moitié
approvisionne le détail et 40 0Zo les centrales.
3. Les “orientées aval”
Le troisième groupe, le plus important en chiffre
d'affaires (46 0Zo, pour 29 0Zo des effectifs) est celui des
entreprises "orientées aval" pour qui on peut considérer
que le négoce ne sert qu'aux ajustements (moins de 15 0Zo
des ventes) et qui font donc l'essentiel de leur activité sur
des circuits plus courts. Les metteurs en marché sont
logiquement majoritaires et sur-représentés (environ la
moitié de l'effectif), les caves particulières le sont à leur
juste proportion (25-30 0Zo) et inversement pour les caves
de vinification (15 0Zo). Les entreprises qui font de la
bouteille et qui disposent d'AOC en produit principal ou
secondaire sont sur-représentées (respectivement les 2/3
et 85 0Zo de l'effectif), de même que les entreprises de
grande taille. La plupart vendent aux détaillants (plus de
80 0Zo), aux centrales (près de 80 0Zo) dans des proportions
très variables. Enfin, 60 0Zo s'intéressent aussi aux
particuliers, majoritairement pour moins du tiers de leur
activité. Ce groupe assure environ 80 0Zo de l'ensemble des
ventes à la fois aux centrales, aux circuits de détail et à
l'exportation et plus de 40 0Zo des ventes aux particuliers.
Les centrales seraient globalement le débouché principal
du groupe (55-60 0Zo).
Par ailleurs, on peut aussi logiquement relever que les
entreprises qui travaillent marginalement avec le négoce
sont très majoritairement préparées à répondre aux
exigences réglementaires (HACCP, normes ISO, traçabilité).
Ces agréments, peu ou pas connus du public, deviennent
des arguments de plus en plus incontournables pour
l'accès à certains marchés, en particulier ceux de la
grande distribution. Rappelons par ailleurs que la mise en
place des outils de traçabilité des produits sur l'exploitation
agricole est obligatoire depuis le Ierjanvier 2005.
Conclusion
a- Les résultats
L’enquête confirme la grande transformation du tissu
économique viticole durant les dernières décennies. La
spécialisation régionale en vin de table commercialisé en
vrac par un négoce traditionnel vracqueur est largement
dépassée. Les entreprises vitivinicoles régionales orientées
majoritairement Vins de pays-AOC se caractérisent
aujourd’hui par la grande diversité de leurs circuits de
distribution. Quel que soit leur statut dans la filière,
caves particulières, caves de vinification (coopératives)
ou metteurs en marchés, les entreprises interviennent
significativement sur tous les circuits. La moitié des
entreprises exporte, plus souvent semble-t-il en réponse
à des opportunités qu’à de véritables démarches de
conquête. Le marché intérieur est toujours dominant
pour les entreprises.
Plusieurs catégories d’opérateurs peuvent être distinguées
selon leur circuit de vente pratiqué ou privilégié. Certains
explorent la plupart des canaux de distribution (au risque
de la dispersion), d’autres demeurent complètement
dépendants du négoce, d’autres se concentrent sur la
conquête des circuits courts.
b- Les limites
L’interrogation principale porte sur l’analyse dynamique
par comparaison des résultats entre l’enquête de 1998 et
celle de 2002 : nous avons constaté un écart surprenant
entre la part de CA exporté en 98 et 2002, même si
certaines explications peuvent être données (année 1998
particulièrement bonne pour !’exportation) ! Un biais
d’échantillonnage n’est pas à exclure. Ces faiblesse
éventuelles pourraient être corrigées par le croisement
avec d’autres sources de données et enquêtes.
De plus les “petites” caves particulières (celles de moins
de 3 salariés), qui représenteraient 95 o∕o des caves
particulières régionales, sont exclues du champ
d’observation. Le circuit “caves particulières” est donc
mal représenté par l’enquête. Or, ces entreprises jouent
un rôle significatif sur certains circuits, notamment
l’export ou la vente directe, et certaines qualités,
notamment les AOC et les vins de cépage du Languedoc.
Ces remarques nous invitent donc à observer une
certaine prudence dans !’interprétation trop étroite des
données chiffrées.
c- Les implications managériales
L’enquête a une nouvelle fois souligné la diversité des
“métiers”, des acteurs et des stratégies. Nous retrouvons
ici tout l’intérêt d’une analyse fine au niveau d’une
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