Dynamiques des Entreprises Agroalimentaires (EAA) du Languedoc-Roussillon : évolutions 1998-2003. Programme de recherche PSDR 2001-2006 financé par l'Inra et la Région Languedoc-Roussillon



DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON

GOUVERNANCES, INNOVATION ET PERFORMANCE DES EAA DU LANGUEDOC-ROUSSILLON

stakeholders, tous les agents qui ont une "créance
légitime" sur la firme, dont l'origine est liée à une relation
d'échange, portant sur les ressources (matérielles,
financières, humaines...) apportées ou sur les produits ou
services achetés et consommés",
Charreaux (1997).
L'entreprise s'entend comme "une équipe de production,
au sein de laquelle la création de valeur, la rente
organisationnelle, est due aux synergies entre les
différents facteurs de production 3". Ce modèle se décline
autour d'un critère d'efficience spécifique : la maximisation
de la valeur partenariale 4.

Ces deux premiers courants ont une vision adaptative de
la firme qui ne tient pas compte du processus d'innovation
(Rubinstein (2000)).

Lazonick et O'Sullivan (1998) définissent trois facteurs
significatifs de la capacité d'innovation de la firme :

• L'engagement financier fondé sur la mobilisation de
ressources de long terme. Ces dernières sont investies
compte tenu d'une stratégie d'innovation clairement
identifiée (en termes de risques ou de potentialités) et de
son impact sur la performance de l'entreprise.

• L'intégration organisationnelle qui définit un cadre
incitatif à même de pouvoir favoriser l'apprentissage
organisationnel, l'intégration de chaque acteur au sein du
processus d'innovation de l'entreprise.

• Une dynamique stratégique qui tient compte à la fois
de l'ensemble des potentialités de l'entreprise et aussi des
caractéristiques de l'environnement (gouvernance
institutionnelle ou territoriale).

2. Le courant cognitif

Selon Lazonik et O'Sullivan (1998), l'objectif de satisfaction
de l'intérêt des seuls actionnaires dans le modèle
shareholder ne permet pas de stimuler le processus
d'innovation dans la mesure où la recherche de la
liquidité des actifs par les actionnaires est incompatible
avec l'engagement financier à long terme. Ainsi, à leur
sens, l'objectif des marchés financiers n'a jamais été de
financer l'innovation mais de fournir de la liquidité aux
apporteurs de capitaux ou de transformer des
investissements initialement peu liquides en droits de
propriété négociables sur les marchés financiers.

Le courant cognitif enrichit la compréhension de la
gouvernance dans le sens où il ne se limite pas à la lecture
contractuelle de la firme. Il s'inscrit au confluent de
différents courants comme la théorie comportementale
de la firme, les théories de l'apprentissage organisationnel,
les théories des ressources et compétences. Dans cette
approche, le système de gouvernement se définit comme
l'ensemble des mécanismes permettant d'avoir le meilleur
potentiel de création de valeur en privilégiant les
compétences, l'apprentissage, les capacités d'innovation.
Il ne se limite pas à la résolution de conflits mais apparaît
comme un ensemble de dispositifs à même de favoriser la
coordination de l'ensemble des moyens dont dispose
l'entreprise. Par exemple, un mécanisme de gouvernement
d'entreprise comme le conseil d'administration peut être
évalué sur sa capacité à favoriser et encourager
l'apprentissage organisationnel. Il en résulte que le critère
d'efficience recherché s'élargit pour devenir la capacité à
créer et protéger une rente organisationnelle.

En retenant une conception étendue de l'innovation,

B- Le modèle Macro de la gouvernance
de l’entreprise innovante

Ainsi, à côté de ce modèle "micro" de la gouvernance,
Lazonick (1998) définit les conditions d'un système de
gouvernance à l'échelle "macro-économique" capable
d'assurer et de pérenniser une dynamique du processus
d'innovation des firmes. Deux voies sont mises en avant :
• La mise en place d'institutions de gouvernement
d'entreprise
{Corporate governance institutions}. A cette
fin, l'auteur propose une typologie d'institutions :

Type d'institutions

_____________________________M issions____________________________

' opérationnelles »

zixer les responsabilités et les qualifications des décideurs en
matière d'allocation des ressources et de répartition des
résultats à l'intérieur des entreprises._______________________________

« de supervision »

déterminer les parties prenantes auxquelles les décideurs
doivent rendre des comptes.__________________________________

« consultatives »

définir d'une part, les modalités de consultations et, d'autre
part, la liste des différents stakeholders à consulter._______________

« de régulation »

Définir le cadre juridique et législatif dans lequel s'effectuent
les prises de décision des entreprises en matière d'allocation
des ressources et de répartition des résultats.____________________

Source : Lazonick et O'Sullivan (1998) p.11.

Figure 1 : Tableau de typologie des institutions.

• L'établissement de processus de gouvernement
d'entreprise. Ils sont issus principalement d'interactions
entre les différentes institutions, définies précédemment,
autour de deux missions :

- Favoriser l'apprentissage organisationnel ;

- Inciter à une nouvelle allocation du capital humain
et financier dans des nouvelles unités à même de
s'inscrire dans un apprentissage organisationnel.

Les différents travaux de Lazonick et OSuIIivan (1998)
cherchent à montrer les conditions de l'émergence de
processus innovants selon la nature des systèmes

3 Citation dans Charreaux (2002).

4 On se rapportera aux travaux de Charreauxe Et Desbrieres (1998) pour une présentation complète de ce critère de performance.

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