DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
GOUVERNANCES, INNOVATION ET PERFORMANCE DES EAA DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
• En somme, les entreprises agroalimentaires du L-R sont
caractérisées par un fort dynamisme qui induit un niveau
très élevé d'investissements ainsi qu'un besoin de
financement de leur cycle d'exploitation très important.
Cela, couplé à une forte présence d'un système de
gouvernance à domination familiale qui limite les
apports en fonds propres, se traduit par un niveau
d'endettement à moyen ou long terme très important et
mène à une forte dépendance vis-à-vis du secteur
bancaire.
A ce sujet, les travaux de Dietsch et al. (1998), qui
plaident pour une causalité forte entre structure du
capital et performance des PMI (le niveau de
performance de ces entreprises dépendrait notamment
de la nature et du degré de concentration de leur
actionnariat), seraient ici à nuancer. Si la dynamique de
la gouvernance influe sur la politique d'innovation,
l'impact de l'innovation sur l'efficience financière
nécessite quelques précisions. En effet, la nature de la
structure financière des PME principalement fondée sur
le recours à l'endettement et un niveau de fonds propres
insuffisant, pénalisent la rentabilité générée. Le niveau
des charges financières mobilise l'accroissement de
performance lié à la dynamique d'innovation mise en
place au sein de l'entreprise.
Ce résultat justifie à lui seul l'importance d'une gouvernance
institutionnelle dans l'émergence et la pérennisation
d'une dynamique d'innovation dans les entreprises. La
nature de certaines aides financières issues d'une
gouvernance territoriale active permet de compenser
certains freins inhérents à la structure financière des
entreprises étudiées.
Conclusion
a- Résultats
En bref, l’ensemble des résultats obtenus nous amène à
retenir certaines hypothèses du modèle de gouvernance
spécifique de l’entreprise innovante de Lazonik et
O’sullivan (1998), (2000) : il y a bien, pour les PME
agroalimentaires du Languedoc Roussillon, un impact
des systèmes de gouvernance sur la politique
d’innovation. Ces résultats statistiques significatifs sont
d’autant plus pertinents que nous avons retenu une
approche plurale de l’innovation et que les méthodes
quantitatives diverses donnent des résultats qui
convergent. L’innovation semble bien résulter, en
conformité avec les résultats des recherches récentes sur
les grandes entreprises, de la mise en place d’une
dynamique incluant des acteurs à la fois internes et
externes à l’entreprise. Une gouvernance ‘ouverte’, sous
ses trois formes (shareholder, stakeholder et
institutionnelle) favorise l’innovation. Finalement, celle-
ci semble contribuer fortement à l’émergence du ‘cercle
vertueux’ création de valeur-investissement-croissance.
Toutefois, des différences notables apparaissent dans les
PME : même si la taille de ces entreprises reste sans
doute un des facteurs qui détermine leur capacité à
innover, le comportement du dirigeant semble aussi
avoir, pour ce type d’entreprise, un rôle non négligeable.
Les chefs d’entreprise ayant bénéficié d’une solide
formation première, plutôt leaders et ‘entreprenants’
que suiveurs et ‘patrimoniaux’, qui favorisent la
formation et !’intéressement de leurs salariés, ont une
plus forte propension à innover, même dans les plus
petites entreprises.
De même, le secteur industriel induit sans doute une
plus ou moins forte propension à innover, mais les
autres variables de gouvernance et les mesures dérivées
qui favorisent !’apprentissage semblent garder leur rôle
de déclencheur de l’innovation, quel que soit le secteur.
b- Limites
Les résultats exploratoires de cette contribution
présentent quelques limites. D’une part les nécessaires
simplifications (proxies, factorisation des groupes de
variables, etc.) de concepts complexes et polysémiques
nuisent à la précision des résultats et de !’interprétation.
D’autre part le champ de la PME qui a été retenu tend
à réduire, par construction, la diversité des stakeholders
(salariés, clients, fournisseurs...).
c- Pistes de recherche futures
Une recherche qui porte sur le champ des PME se heurte
à la difficulté de caractériser correctement ces
entreprises, tant leur hétérogénéité est grande, et les
modèles explicatifs de leur comportement sont
complexes. Seule la répétition dans le temps
(observatoire sur un certain laps de temps), ou dans
l’espace (sur des champs, secteurs ou filières plus ou
moins larges) de ce type d’étude peut apporter une
confirmation (on pourrait aussi dire une intime
conviction) que les résultats obtenus sont fiables et
généralisables. Llfaudra donc que la question des liens
supposés entre une gouvernance ouverte, une plus
grande propension à Tinnovation et de meilleures
performances fasse l’objet de travaux ultérieurs.
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