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seul vers, il dénigre la célébrité du philosophe, « un certain Biaise Pascal », et ne prend
pas la peine d’en dire plus, ajoutant uniquement « Etc... etc... ».242
Cependant, si Prévert rejette les religions occidentales, il adopte volontiers des
références sacrées tirées de croyances antiques devenues mythologies ou sagesses
ancestrales.243 Dans le texte « Osiris ou la fuite en Egypte », le poète rend hommage au
couple de la religion égyptienne symbolisant l’amour pur et indestructible : Isis et Osiris.
Visitant le musée du Louvre, deux amoureux s’arrêtent devant la statue du dieu Osiris
qui, selon la voix poétique, procède à leur cérémonie de mariage.244 D’après le poète,
cette union est plus forte que celle exécutée selon le rite chrétien, procédure figée et
froide. Ici, la divinité est « Vivante à faire mourir une nouvelle fois de plus / Toutes les
idoles mortes des églises de Paris »245 ; la bénédiction qu’elle accorde aux deux amants
est donc plus sacrée et passionnée que celle des représentants catholiques.
Au propos de Césaire enfin, et au-delà de son rejet de !’Eglise, la présence de
sacré dans son discours est indéniable et reflète son rapport étroit avec la culture et les
croyances négro-africaines dans lesquelles la sacralité est primordial. Ainsi, et comme
Senghor l’indique au sujet des groupes négro-africains, « tous ces organismes ont un
fondement religieux, chez des peuples où la séparation du profane et du sacré, du
politique et du social est un fait rare et tardif. »246 II est donc commun, remarque
242 Jacques Prévert, « Les Paris stupides », Paroles 122.
243Gasiglia-LasteretLaster5VoI. 1 1091.
244 Jacques Prévert, « Osiris ou la fuite en Egypte », Paroles 141, v.24.
245 v.21-22.
246 « L’Esthétique négro-africaine » 205.