halshs-00456196, version 1 - 12 Feb 2010
Selon Whittington (2005), les banques françaises et les compagnies
d’assurances avaient réussi à devenir les leaders d’un mouvement lobbyiste et
à persuader les responsables politiques à affirmer que « les IFRS n’étaient
pas assez sensibles aux intérêts européens et que la volatilité résultant de
l’application de ces normes serait dommageable à l’économie européenne »
(p.143). L’impossibilité qui en est résulté pour la Commission Européenne de
faire généraliser l’adoption des normes IAS 32 et IAS 392 ne démontre ainsi
pas seulement le pouvoir persuasif de la France en Europe mais la menace
d’une mise en place des normes internationales « à la carte », qui aboutirait à
une faible efficacité.
L’objectif de cet article est d’étudier les raisons pour lesquelles cette
résistance a émergé et pourquoi elle a été, comme le montre l’étude du
cabinet Mazars (2005), plus forte en France que dans tout autre pays membre
de l’Union Européenne. Au-delà de la résistance liée à des aspects techniques
issus de certaines différences de principes entre les IFRS et le Plan
Comptable Générale Français (PCG), qui sont largement repris par la
littérature, nous nous penchons en priorité sur la résistance à caractère
culturel aux normes internationales. Une série d’entretiens semi-directifs est
menée, conduits avec des professionnels français de la comptabilité, pour
tenter d’avoir plus d’éléments de réponse.
Cet article commence par une revue de littérature permettant de replacer le
problème de l’adoption et de la diffusion des normes internationales dans son
contexte et d’en comprendre les origines. Puis, quelques possibles raisons
culturelles de résistance sont discutées à travers la littérature. La
méthodologie de la recherche est exposée par la suite. Enfin, nous présentons
2 Les IAS 32, 39 traitent de la valorisation des instruments financiers selon la « fair value »