Document de travail du Centre d’études de l’emploi
Premièrement, ils s’appuient très rarement sur des données harmonisées et ne permettent
donc pas de comparaison fiable entre pays. On peut signaler trois exceptions récentes : les
travaux de Haltiwanger et al. (2006) et de l’OCDE (OCDE, 2009) portant sur des données
d’entreprises harmonisées, et ceux de la Commission européenne (Commission européenne,
2009) qui utilise le Labour Force Survey (Eurostat). Dans cet article, nous exploitons la base
EU-SILC (Survey on Income and Living Conditions), qui est constituée à partir d’enquêtes
comparables entre vingt-quatre pays de l’Union européenne, et qui n’a pas, à notre
connaissance, fait l’objet d’une exploitation similaire. Cette base permet soit d’utiliser une
variable déclarative sur la transition éventuellement réalisée par un individu depuis l’année
précédente, soit de reconstruire les transitions annuelles sur la base du statut déclaré en t et en
t+1, en utilisant la dimension longitudinale de l’enquête. Elle présente également l’intérêt
d’inclure un nombre important de pays, très différents les uns des autres en termes de
fonctionnement du marché du travail (OCDE, 2006 ; Amable, 2005 ; Davoine et al., 2008).
Du point de vue comparatif, un des enjeux de l’analyse sera de voir si ces typologies usuelles
sont pertinentes lorsqu’on analyse des données de transition, plutôt que les performances en
termes de taux de chômage et de taux d’emploi.
Deuxièmement, les travaux analysant les transitions individuelles utilisent des méthodologies
essentiellement descriptives. Dans cet article, nous cherchons à obtenir des résultats, toutes
choses égales par ailleurs, en utilisant des régressions logistiques. Du fait de la pluralité des
destinations possibles à partir d’un statut donné, nous utilisons notamment des logits
multinomiaux pour l’analyse des transitions entre emploi, chômage et inactivité.
Troisièmement, dans les travaux de l’OCDE et de la Commission européenne, les variables
introduites dans l’analyse sont assez limitées. En particulier, du côté des variables indé-
pendantes, elles n’incluent pas d’information sur la situation familiale dont on peut supposer
qu’elle joue un rôle important dans les transitions, en particulier celles des femmes. Les
transitions analysées ne comprennent pas les transitions au sein de l’emploi, notamment
celles entre l’emploi temporaire et l’emploi permanent, ou entre l’emploi à temps partiel et
l’emploi à temps plein, qui constituent un enjeu important en termes de qualité de l’emploi.
Dans cet article, nous cherchons à exploiter l’ensemble des informations disponibles dans le
panel SILC (Survey on Income and Living Conditions), notamment les questions sur l’état de
santé et la situation familiale.
La deuxième section de l’article présente la base de données utilisée, et expose la méthode.
La troisième section propose une première approche de l’importance et de la structure des
transitions sur le marché du travail en Europe, à partir de statistiques descriptives. Les
sections 4 et 5 développent une analyse des déterminants des transitions, tout d’abord entre
l’emploi, le chômage et l’inactivité, puis au sein de l’emploi (entre temps partiel et temps
plein, et entre emploi temporaire et permanent).
2. PRÉSENTATION DE LA BASE DE DONNÉES ET MÉTHODE
D’ESTIMATION
2.1. Le panel européen EU-SILC (Survey on Income and Living Conditions)
Pour cette analyse des transitions sur le marché du travail en Europe, nous utilisons le volet
longitudinal de la base européenne EU-SILC. Cette base, qui remplace le Panel communautaire
des ménages (ECHP, 1994-2001), est disponible depuis 2003 et comprend chaque année