DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
LES NTIC, FACTEURS DE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES ? LE CAS DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
3. ERP : "le véritable cerveau de l'entreprise"
A travers la mise en place d'un ERP1 souvent à partir des
années 2000, les entreprises ont franchi un pas
supplémentaire dans !'informatisation des multiples
activités quelles créent, gèrent et développent. Jusqu'à
une période récente, l'informatique avait certes été
introduite dans les entreprises par le biais de "petits
logiciels" dédiés notamment à des fonctions de gestion
comptable et administrative. Depuis peu, les entreprises
agroalimentaires s'emploient à accentuer !'informatisation
de l'ensemble des fonctions qui s'ajoutent non seulement
aux précédentes (gestion des approvisionnements, de la
fabrication, des ventes notamment) mais qui entraînent
un décloisonnement des services et des ateliers selon le
principe d'un ERP qui, par l'interconnexion de différentes
bases de données internes, de capteurs et de terminaux
constitue le réseau qualifié de "véritable cerveau de
l'entreprise". Dans les différents chantiers ouverts pour
cette transformation, la fonction commerciale demeure
quelque peu en retrait.
Dans le cas de l'EDI comme dans l'insertion d'autres
technologies d'information, l'acte de vente est principalement
le fait de commerciaux et de télévendeurs(euses) dont les
fonctions ne semblent pas affectées par cette
application. Ils conservent l'initiative du contact pour les
commandes qui, une fois passées entre leurs mains,
déclenchent le processus de fabrication et des opérations
connexes (préparation, envoi, livraison), pour lesquels les
NTIC interviennent comme outils auxiliaires.
4. GPA, "Trace One", Sireme : les toutes dernières
nouveautés technologiques
La GPA1 gestion partagée des approvisionnements, est un
dispositif initié par certaines enseignes de la grande
distribution et présenté comme une évolution de l'EDI en
ce sens qu'il permet au fournisseur de connaître l'état des
stocks de produits qu'il a fourni à son client et de pouvoir
le réapprovisionner lorsqu'un seuil préalablement défini
est atteint. Il s'agit dans un premier temps d'anticiper les
commandes mais cela tend à faire porter la responsabilité
du stock non plus sur !'approvisionneur faisant partie du
personnel de l'enseigne mais sur son fournisseur.
"Trace One" est un autre dispositif technologique qui
permet, dans le domaine des marques de distributeurs, de
dépasser les limites et la lourdeur des cahiers des charges.
Il consiste à alimenter et à mettre à jour "en temps réel" les
informations sur les produits fabriqués par une entreprise
agroalimentaire et achetés par une enseigne, informations
dont les contenus évoluent tout au long de la production.
"Sireme" est un projet techniquement plus complexe qui
se place directement dans l'une des facettes des
mutations de l'agriculture dans la mesure où il se situe
dans le concept de "l'agriculture raisonnée", prenant en
compte les exigences des clients et la protection de
l'environnement. Pour répondre en effet à cette double
contrainte, cette application va permettre à l'agriculteur
de fournir les éléments d'information sur la conduite
culturale à partir d'une représentation cartographique
d'une ou de plusieurs parcelles (et à terme de toute son
exploitation). Pour faire face à la généralisation des
contrats de production qu'elle initie et à la multiplication
des dossiers quelle gère, la coopérative qui l'utilise espère
disposer d'un outil facilitant la gestion de ces contrats et
simplifiant les procédures en réduisant la saisie des
données. La mise en place de cet outil pourrait également
voir des effets bénéfiques sur d'autres contraintes
administratives qui envahissent les diverses activités
agricoles (centres de gestion, contrats territoriaux
d'exploitations, déclaration à la DDA...)
Ces exemples utilisent des technologies qui ne font pas
l'objet d'une large utilisation. Seules deux entreprises
sont concernées par les deux premières applications. La
troisième est le fait d'une seule des entreprises
agroalimentaires sélectionnées. Cependant, elles conduisent
à penser que se dessinent des changements dans les
relations entre fournisseurs et clients sous le couvert de
l'information partagée. On notera en effet que dans ce
cas les nouvelles technologies d'information mettent à
jour la stratégie des enseignes qui consiste à renforcer
leur pouvoir de contrôle des fournisseurs en les
impliquant de manière significative dans cette procédure.
Le projet d'adoption de ce dernier type d'application par les
entreprises agroalimentaires montre une marge de
manœuvre à nouveau étroite et la permanence d'une spirale
dans laquelle la technologie est l'objet d'enjeux de pouvoir.
C- NTIC, développement des entreprises et
stratégies d'acteurs
Jusqu'ici les investigations ont révélé la diversité des
technologies, la diversité des usages, des impacts, et des
freins, tant et si bien que la réponse à la question de
savoir en quoi les NTIC représentent un facteur de
développement des entreprises agroalimentaires demeure
quelque peu en suspens. Cette dernière partie tente d'y
répondre en caractérisant d'une part les stratégies des
entreprises et d'autre part la rationalité des acteurs
intégrant les NTIC de différentes manières.
Ill