DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
LES NTIC, FACTEURS DE DÉVELOPPEMENT DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES ? LE CAS DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
i. L'informatique dans l'entreprise : outil
indispensable en perpétuelle évolution
L'informatique dans les entreprises - est-il besoin de le
dire - est aujourd'hui considérée comme partie prenante
et quasiment constitutive des entreprises. Son rôle
indispensable pour leur fonctionnement est attesté par
l'ancienneté de l'usage qui remonte aux années 70 et 80
pour les plus anciennes ("l'informatique s'est construite
en même temps que l'entreprise"). Quelle que soit leur
taille, leur activité, leur ancienneté, les entreprises
agroalimentaires disposent d'une base d'applications
communes autour de la gestion comptable, gestion de
commandes, de déclaration de récoltes.... En revanche,
l'histoire de l'introduction de l'informatique dans le
fonctionnement de ces entreprises montre des voies
différentes qui aboutissent à des bilans divers.
Pour celles qui disposent de cette ancienneté (plus de la
moitié), le recul dont elles bénéficient sur leur pratique
leur permet d'analyser les effets de cette introduction sur
une assez longue période. Si elles ont franchi, sans trop
de difficultés selon leurs dires, les étapes des progrès
réalisés dans les matériels - pour les plus anciennes, elles
en sont à leur troisième ou quatrième génération -, les
progrès réalisés dans les développements logiciels ont
suscité en revanche des interrogations sur la manière
d'intégrer ces innovations dans les pratiques des entreprises.
Les années 80 ont été marquées en effet par la
conception et la mise en œuvre de "gros systèmes
informatiques" centralisant les informations de
l'entreprise. Cette période a été suivie dans les années 90
par une autre étape "micro-informatique" qui a permis
!'informatisation de petites entreprises. Mais cette
innovation a contraint les entreprises déjà engagées à
repenser leur informatisation sous peine de voir se
développer au sein d'une même entreprise une cohabitation
de systèmes et de pratiques sans possibilité d'échanges,
situation évoquant pour l'une d'entre elles l'image de la
tour de Babel.
Dans cette période, l'offre logicielle s'est elle-même
multipliée, diversifiée. Pour autant la question de
l'adaptation aux besoins des entreprises est demeurée
toujours posée, question à laquelle des réponses diverses
ont été apportées par les entreprises agroalimentaires.
Après avoir investi au départ dans le développement de
"logiciels-maison" par des informaticiens recrutés à cette
fin, les entreprises les plus engagées dans cette logique
ont revu leur politique et se sont orientées vers l'acquisition
de système existant sur le marché de l'informatique
d'entreprise tels que les ERP, produits qui ne se sont pas
révélés totalement satisfaisants et qui, par ailleurs pour
certaines, contenaient un facteur de dépendance à un
tiers (constructeur, revendeur) incompatible avec leur volonté
d'autonomie, sans écarter l'incidence économique des
changements matériels et logiciels induits par les progrès
technologiques.
Néanmoins, ces bilans partiels et limités ne minimisent en
rien la nécessité de l'informatique réactivée par les
exigences provenant de la traçabilité. A la nécessité
d'avoir des machines plus performantes pour travailler
plus vite, s'ajoute désormais la nécessité d'avoir des
machines performantes pour avoir plus d'informations.
L'informatique jusque là cantonnée principalement à la
gestion de la fonction commerciale et comptable étend
son champ d'usage à la gestion de la transformation des
produits agroalimentaires et à la production même des
matières premières agricoles. Cette évolution de
l'environnement agroalimentaire ouvre la voie à une
nouvelle génération d'applications informatiques qui, par
la numérisation des processus, des gestes des producteurs,
permet de satisfaire les exigences de traçabilité des
produits, de garantir leur composition, leur origine....
2. L1EDI (Echanges de Données Informatisées) :
un outil imposé et/ou un “mal nécessaire”
Apparue dans les années 90, l'EDI a été introduite dans les
entreprises agroalimentaires par la grande distribution.
Pour continuer à traiter commercialement avec elle et
développer leurs relations, les entreprises agroalimentaires
qui l'avaient comme clientèle principale ont donc
procédé à l'intégration de cette technologie sous les
directives de leurs clients qui leur spécifiaient le type de
matériel et de fournisseurs... Au terme de plusieurs
années de pratique, ces entreprises agroalimentaires
utilisatrices de ce type de système axé sur la transmission
de commande ont tendance à le considérer comme "un
mal nécessaire" soit parce que le maintien de la
performance technique de l'outil représente un coût non
négligeable voire onéreux par rapport aux gains retirés,
soit par ce que ce dispositif n'offre pas de compatibilité
avec les outils de traitement et de gestion de données qui
se sont mis en place entre temps dans ces entreprises,
notamment les ERP.
Sur ce type d'application viennent se greffer des
considérations liées principalement à la position de
fournisseurs de la grande distribution qui ne leur offre
aucune marge de manœuvre et qui les place sous une
forte contrainte de la part de la grande distribution.
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