DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
STRATÉGIE D'INNOVATIONS DANS LES PME AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
produits positionnés sur le marché. Selon cette
perspective, pour qu'une entreprise puisse construire un
avantage concurrentiel, elle doit développer des
ressources et compétences difficiles à imiter ou à acquérir
par les concurrents. Certaines de ces ressources /
compétences, telle que les activités de R&D qui génèrent
les innovations, sont à l'origine de cet avantage.
L'approche par les ressources permet aussi de proposer
des voies d'expansion ou de diversification possibles pour
la firme à partir de nouvelles combinaisons de ressources,
c'est-à-dire d'innovations (Le Bars, ib.}. Les PME agro-
alimentaires ont elles les compétences nécessaires pour
innover sur un marché fortement concurrentiel ?
Mangematin, Dufour et al. (ib.) montrent que plus de 70
% des entreprises agroalimentaires innovent avec
seulement 3 o∕o de capacités de recherche en interne, et
que toutes les entreprises de cette industrie n'utilisent
pas la panoplie complète d'activités innovatrices {Nicolas
et Hy ib.}. Ce constat nous amène à nous tourner vers une
autre source d'innovations qui est le marché. Kérihuel
(1993) souligne l'influence du marché plus que la
dynamique technologique dans le processus d'innovation
quelle que soit la taille des entreprises agroalimentaires.
Selon cet auteur, pour plus de la moitié des entreprises
innovantes (58 o∕o) l'influence du marché (relation avec
les clients, concurrents) est très importante, plus que la
dynamique propre de la technologie (22 o∕o).
L'une des caractéristiques importantes des industries
agroalimentaires est la concentration de l'activité aval et
la pression quelle exerce sur ses fournisseurs. En effet, la
grande distribution détient un pouvoir de négociation
déterminant vis-à-vis de ses fournisseurs, surtout quand
il s'agit de PME. L'accès à la grande distribution est une
des causes de la course à l'innovation à laquelle se livrent
les entreprises agroalimentaires [D1HauteviIIe, Codron et
al., 1996}. Les PME cherchent à équilibrer leur faible
pouvoir de marché par des innovations apportées à leurs
produits afin de les distinguer des produits concurrents
sur les linéaires de vente.
La montée en puissance de la grande distribution ces
dernières années a considérablement transformé
l'environnement concurrentiel des entreprises. Un
environnement sur lequel s'exerce de multiples forces :
"les plus importantes viennent des consommateurs, dont
les attentes sont relayées en temps réel par les
distributeurs qui les répercutent sur les industriels sous
forme d'une demande de prix, d'innovation et
d'environnement-produit" [Rastoin, 1998}. Pour pallier
au faible pouvoir de marché dont elles disposent face à
celui de la grande distribution, les PME agroalimentaires
peuvent emprunter deux visions stratégiques pour
accéder à "l'espace rare". La première consiste à
rechercher un partenariat avec la partie aval (GMS) pour
améliorer la productivité des ressources par une baisse
des coûts de production. La seconde vision relève d'une
offre différenciée des produits soit à un niveau "culturel",
soit par des innovations-produit. Grâce à sa stratégie
d'innovation qui entraîne une création de valeur,
l'entreprise maintient ou renforce son pouvoir de marché
sur différents "terrains concurrentiels". Le combat n'est
pas livré sur le seul terrain des prix mais sur celui, de la
différenciation par l'innovation-produit.
Poussée par le marché, l'innovation peut avoir aussi des
origines institutionnelles. L'entreprise saisit alors les
opportunités que représente l'environnement dans la
genèse de nouvelles idées. Ce qui caractérise les PME est
leur insertion forte dans l'environnement local, ce que
Torrès (1999) qualifie de proximité. Les PME créent des
réseaux d'alliances locaux, ce mode spécifique
d'organisation leur permet grâce aux relations quelles
entretiennent avec leurs différents partenaires, de saisir
des opportunités porteuses d'idées nouvelles. Parmi les
partenaires avec lesquels les PME entretiennent des
relations fructueuses, figurent les établissements de
recherche publique et les organismes publics d'aide à
l'innovation.
Partant de l'hypothèse que les entreprises bénéficient des
externalités de la recherche publique en fonction de leur
proximité géographique des laboratoires de recherche
Mangematin et Mandran (1999) montrent comment ces
laboratoires jouent un rôle catalyseur dans les
innovations réalisées par les PME agroalimentaires. Ces
entreprises "sans capacité de recherche et qui ne
mentionnent pas la recherche comme source d'innovation
bénéficient des externalités locales de la recherche
publique".
L'influence de la politique publique ne se résume pas aux
apports des centres de recherche, les entreprises
bénéficient aussi des différentes modalités d'aides
publiques à l'innovation. Ces aides peuvent être
européennes, nationales et régionales. Les PME
agroalimentaires se tournent vers leur environnement
proche pour acquérir des ressources sous forme de
soutien en amont des projets d'innovation. Ce soutien
intervient également dans l'aide à la structuration de leur
R&D (aide au recrutement du personnel qualifié).
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