Dynamiques des Entreprises Agroalimentaires (EAA) du Languedoc-Roussillon : évolutions 1998-2003. Programme de recherche PSDR 2001-2006 financé par l'Inra et la Région Languedoc-Roussillon



DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON

LES SIGNES DE QUALITÉ : FREIN OU MOTEUR DE L'INNOVATION EN AGROALIMENTAIREr LE CAS DU LANGUEDOC-ROUSSILLON

Dans l'innovation sur l'emballage et l'innovation
organisationnelle, les entreprises avec AOC sont plus
fréquentes que celles sans aucun signe de qualité, tandis
que la tendance est inversée pour l'innovation sur les
procédés, et sensiblement équilibrée pour l'innovation
produit.

Dans la suite de l'analyse, nous avons isolé les entreprises
avec AOC et celles sans AOC (qui n'ont soit pas de signe
du tout soit un autre signe que ГАОС). Les résultats sont
présentés dans la figure 10 ci-dessous.

Figure 10 : Graphe de comparaison de la part des entreprises
avec AOC ou sans AOC dans l'innovation (en o∕o).

On constate que pour chaque type d'innovation, les
entreprises avec une AOC représentent à peine le tiers des
entreprises innovantes.

On peut donc conclure que par rapport à l'ensemble des
entreprises de la région Languedoc Roussillon, les
entreprises avec une AOC sont plus innovantes que la
moyenne (47 0Zo innovent dans le produit contre 39 0Zo au
total, voir la figure 7). Par contre si on restreint l'analyse
aux seules entreprises innovantes alors on ne peut que
constater le retard des entreprises avec une AOC.

Pour expliquer ces résultats, il faut revenir aux champs
d'application des réglementations standard et spécifiques
de IAOC
{.Allaire et Sylvander 1997 ; Letablier, 2000).
LAOC ne garantit pas un niveau de qualité que l'on peut
qualifier de supérieur, mais une origine en relation avec
une tradition et un savoir faire liés à un territoire, qui
déterminent une spécificité. Une fois les réglementations
arrêtées, la révision du contenu des cahiers des charges
est une démarche complexe et longue et elle devient un
"carcan" au sein duquel l'entreprise doit se trouver des
marges de manœuvre. La nature des innovations s'oriente
alors davantage vers les innovations de type marketing,
et organisationnelles plutôt que vers les innovations de
produits et de processus.

Ainsi par exemple, dans le cas de l'innovation sur IAOC
Roquefort, afin de réduire le sel dans le produit pour
s'adapter aux évolutions du marché, l'impossibilité de
réviser le cahier des charges.

Conclusion

77 ressort des premiers résultats de l’enquête réalisée que
plus le cahier des charges d’un signe de qualité est
contraignant, moins nombreuses sont les innovations
particulièrementde produits et de processus de production.

L’hypothèse selon 1aque∏e Uadoption de signes de qualité
collectifs fortement liés au territoire (avec une forte
gouvernance territoriale) constitue un frein à l’innovation
sur le produit, semble vérifiée.

Cependant, même si l’analyse fine des cahiers des
charges de différentes appellations d’origines laisse
apparaître des différences SubstantieUes selon le type
d’acteur engagés au moment des négociations
(Sylvander et Marty, 2000), notre recherche montre
qu’une fois fixé le cahier des charges, les marges
d’innovation sur le produit et les processus se réduisent.

Ce travail exploratoire soulève plusieurs questions en
Uen avec le développement territorial. En effet même si,
au niveau de l’OMC, la dénomination d’origine est
adoptée, on peut se demander si c’est le meilleur outil
de certification de la qualité liée au territoire qui
permette d’allier tradition, innovation et développement
durable. Les procédures de spécifications des produits
aboutissent, la plupart du temps, à standardiser le
produit et les processus, ce qui conduit à une perte
d’abord de biodiversité (Bérard et Marchenay, 2004) et
ensuite de certaines des caractéristiques qui participent
à Iaformation de l’identité des produits de terroir dans
les représentations des consommateurs (Aurier et al,
2004) à savoir la variabilité des produits selon le
producteur (le savoir faire, la personnalité de chaque
producteur doivent être retrouvés).

Quelques limites à cette étude méritent d’être signalées
et offrent autant de voies futures de recherche.

La mesure du comportement innovateur des entreprises
est basée uniquement sur les déclarations des chefs

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