colonisation et développement de l’agriculture d’exportation de 1896 à 1960, indépendance et
diversification agricole de 1960 à 1975, rupture socialiste et collectivisation des moyens de
production de 1975 à 1982. Pendant la période coloniale, la création du Fonds
d’Investissement et de Développement Economique et Social dote l’administration de crédits
lui permettant d’intervenir plus activement sur les réseaux d’irrigation : l’Etat prend ainsi en
charge de grands travaux d’aménagement hydro-agricoles comme la construction de digues de
protection contre l’inondation et de réseaux d’irrigation et de drainage. La relative sous-
exploitation des terres conduit par ailleurs l’Etat colonial à créer une aire de mise en valeur
rurale et à engager une réforme foncière. C’est également sous la période coloniale qu’une
politique forestière interventionniste se met en place : cette politique, qui exclut les
populations de la gestion locale des ressources naturelles au bénéfice exclusif de l’Etat, se
concrétise par des mesures conservationnistes8 de protection de la Nature et, dès 1957,
Madagascar se dote d’un réseau de réserves naturelles qui représente 350 000 ha. Les
politiques agricoles de l’Etat colonial ont eu tendance à se maintenir après l’indépendance
avec l’administration nationale. Dans les années 1980 cependant, avec la mise en place des
premiers plans d’ajustement structurel, l’Etat malgache s’est engagé à restreindre son
intervention. La situation, depuis cette période, montre à la fois un alignement sur les
recommandations économiques de l’ajustement structurel et une prise de liberté - surveillée -
en matière de redéfinition de l’intervention publique. En effet, la libéralisation des filières
vivrières n’a été que partielle, et sur la période récente l’Etat ré-intervient de façon récurrente
dans le fonctionnement des marchés. Malgré la signature de plusieurs plans d’ajustement
structurel au début des années 19809, le pays a passablement résisté aux injonctions des
institutions financières internationales et à la libéralisation de son économie. Les facteurs de
compréhension de cette résistance renvoient à une longue tradition de résistance des sociétés
rurales par rapport au pouvoir central, mais également à l’existence de pactes administratifs et
économiques entre notables et riziers (défense d’intérêts spéculatifs), et plus largement à une
position idéologique favorable à une stratégie de « malgachisation » de l’économie. Ces
oppositions et ces conflits d’intérêt ont eu pour effet de maintenir les dysfonctionnements des
marchés et de perturber les efforts déployés pour relancer la production et les exportations
8 Suite au discours des naturalistes Humbert et Perrier de la Bâthie, discours en faveur de la « protection de la
Nature » et « contre » l’Homme.
9 Entre 1980 et 1986, Madagascar a signé six accords de confirmation avec le FMI. Les deux premiers ont été
suspendus en cours d’exécution en raison du non-respect des critères de performance ; les trois suivants sont
allés à leur terme.
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