marquer durablement la fondation des politiques agricoles. A l’instar d’autres pays, le Mali
s’engage alors dans les politiques de libéralisation sous l’égide du Fonds Monétaire
International et de la Banque mondiale. Les mesures de politique adoptées résultent de
négociations entre cadres maliens et représentants des bailleurs de fonds, et peuvent donc être
considérées comme un réel compromis institutionnalisé, qui va prendre la forme d’un
accompagnement de la libéralisation des marchés par la mise en place d’institutions et de
mécanismes de concertations entre acteurs. Ces modalités se retrouvent illustrées dans le
Programme de Restructuration des Marchés Céréaliers qui traduit une réelle phase de
cogestion entre l’Etat et les bailleurs (Egg et al, 2008). Entre 1981 et 2002 toutefois, la
signature des plans d’ajustement structurel par le Mali va contribuer à redéfinir les modalités
de l’intervention publique. Cette période est marquée par une intense phase de libéralisation
qui touche les services publics, voit la monnaie dévaluée (1994) et des mesures importantes
vont contribuer à remodeler progressivement le premier secteur d’activité qu’est l’agriculture.
Si la libéralisation au Mali ne peut se résumer à l’application mécaniste des préceptes des
politiques libérales, c’est qu’elle traduit un intense processus de négociation. Le coton,
hautement stratégique pour le pays et pour les bailleurs de fonds qui y ont concentré leurs
investissements illustre ces résistances. La privatisation annoncée du secteur cotonnier est
encore en cours de négociation en 2008 (Egg et al, 2008). Cette période est également
marquée par l’émergence et la consolidation du mouvement démocratique à travers la
révolution de 1991 qui met fin au régime dirigiste de Moussa Traore (sous la présidence
duquel la libéralisation est engagée) et ouvre la porte à la démocratisation du régime. La
libéralisation politique vient ainsi accompagner la libéralisation économique et de nouveaux
acteurs collectifs émergent et se renforcent durant cette dernière décennie du XXème siècle.
Syndicats et mouvements paysans participent désormais à la gouvernance du secteur
agricole ; les collectivités territoriales créées par les lois de décentralisation sont désormais en
charge de la mise en œuvre des politiques de développement. Ces changements marquent des
ruptures fondamentales dans le fonctionnement politique et économique du pays, qui est en
train de passer d’un système politique et économique centralisé et dirigiste à un système
politique pluraliste avec instauration de contre-pouvoirs et une économie pour laquelle des
institutions ont été créées pour encadrer le fonctionnement.
Depuis 2002, les politiques se concentrent sur la lutte contre la pauvreté, ce qui aboutit en
2006 à l’adoption du Cadre Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté qui constitue
aujourd’hui le « cadre unique de référence » des politiques et stratégies de développement du
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