pays. ». Durant toutes ces périodes, la sécurité alimentaire constitue toutefois la toile fond et
l’objectif central de toutes les orientations de politique agricole.
2.1.3 Synthèse
Dans les deux pays, la période coloniale a coïncidé avec un interventionnisme agricole et rural
marqué dans le contexte de la division internationale des productions agricoles opérée au sein
de l’empire colonial français à partir du moment où l’on passe de l’inventaire des ressources à
leur mise en valeur que symbolise parfaitement le plan Sarraut au Mali ou la politique
d’aménagement des grands périmètres irrigués à Madagascar. Les politiques agricoles et
rurales qui voient le jour à partir des indépendances auront tendance à prolonger les
orientations de la période coloniale tout en les situant dans le contexte des Etats-Nations en
construction. Elles seront toutefois fortement remises en cause durant la période des
ajustements structurels à partir des années 1980. Concernant les marchés céréaliers, tant au
Mali qu’à Madagascar, l’histoire récente des politiques publiques montre à la fois un
mouvement vers plus d’autonomie des acteurs privés mais aussi un souci de régulation des
marchés, en associant notamment les grands commerçants céréaliers aux négociations des
nouvelles politiques céréalières (riziers, grossistes, importateurs de riz). Ces évolutions
récentes, sur des secteurs aussi stratégiques que les céréales, contribuent à redessiner les rôles
respectifs de l’Etat et des acteurs privés. Un parallèle peut ici être fait entre le secteur du riz à
Madagascar et celui des céréales au Mali : il s’agit là de deux secteurs stratégiques pour
lesquels l’Etat résiste à laisser faire le marché et continue d’intervenir directement. Au Mali,
cela se traduit par la négociation entre l’Etat et les bailleurs du Programme de Restructuration
des Marchés Céréaliers qui tiendra jusqu’en 2004. A Madagascar, les gouvernements qui
auront à gérer la libéralisation, le feront tout en maintenant des mécanismes d’intervention.
Au delà de ces traits communs, les trajectoires maliennes et malgaches présentent des
différences notables. A Madagascar, les interventions publiques dans le secteur rural
accompagnent le processus de construction de l’Etat durant la période de la Royauté, c’est à
dire bien avant la période coloniale, alors qu’au Mali, les premières mesures d’intervention
directe seront mises en œuvre par l’Etat colonial. Par ailleurs, à Madagascar, on note
actuellement une tendance à l’intervention de l’Etat qui dépasse l’encadrement des marchés,
en particulier dans le secteur du riz ; et un certain consensus au Mali sur la mise en place
d’une économie de marché (exception faite du coton). A Madagascar, la résistance au
référentiel du marché s’explique structurellement par la longue tradition auto-centrée et
interventionniste du pays (existence d’un sentier de dépendance) mais aussi par l’incapacité
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