des politiques libérales à relancer les filières vivrières. En effet, la libéralisation des filières
céréalières à partir du milieu des années 1980 a entraîné une amélioration de la production et
des rendements au Mali tandis que la production vivrière malgache n’a pas répondu aux
signaux du marché du fait des faiblesses structurelles11 de l’économie (Duruflé 1988).
2.2 Insertion du référentiel international du développement durable
Nous définissons le “référentiel international” comme constituant un ensemble d’idées et de
valeurs, une façon de se représenter le fonctionnement de la société, qui tend à dominer les
modèles de développement poursuivis et à orienter fortement les choix politiques, en étant
véhiculé par les instances internationales et légitimé par un statut scientifique auquel les
groupes d’intérêt peuvent se référer pour l’imposer. Les processus d’émergence et de
renforcement du référentiel du développement durable au niveau international sont
brièvement rappelés dans l’encart suivant.
Construction du référentiel du développement durable au niveau international
Le développement durable est pour la première fois évoqué en 1980 par l’Union
Internationale pour la Conservation de la Nature, mais sa « maturation » est antérieure. Dans
la seconde moitié du XXème siècle apparaissent, dans les pays développés, les premières
préoccupations environnementales. En 1972, le Club de Rome remet en cause le modèle de
développement économique poursuivi qui conduit à une sensible dégradation des ressources
naturelles : la publication du rapport « Halte à la croissance » pointe les problèmes de
viabilité écologique et va donner lieu à l’organisation de la Conférence de Stockholm qui peut
être considérée comme le premier « Sommet de la Terre ». Par ailleurs, à cette même période,
au problème de viabilité s'ajoute un problème d'équité, avec une prise de conscience de
l’augmentation de la pauvreté dans les pays en voie de développement. A la fin des années
1980, le développement est donc abordé à la fois au travers de ses dimensions économiques,
sociales et environnementales (idée des trois piliers). Le développement durable est, selon la
définition proposée en 1987 par le rapport Brundtland, un développement « qui répond aux
besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs ». Le concept de développement durable va se consolider et être consacré
en 1992, lors de la Conférence des nations unies sur l’environnement et le développement
(CNUED) plus connue sous l’appellation « Sommet de la Terre » (Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement et adoption de l’Agenda 21) : la définition Brundtland,
alors axée prioritairement sur la préservation de l'environnement, sera modifiée par la
définition des trois piliers qui doivent être conciliés dans une perspective de développement
durable. Aux trois piliers et selon les auteurs et les courants de pensée, des composantes sont
progressivement ajoutées et très diversement prises en compte comme par exemple les
dimensions institutionnelles, culturelles ou encore la question complexe de la gouvernance.
L’émergence de cet enjeu coïncide avec la montée des processus de démocratisation et de
participation des acteurs de la société aux processus politiques. En 2002, le Sommet Mondial
pour le Développement Durable a entériné ces principes par la « déclaration de
Johannesburg ».
11 Enclavement des régions productrices, taux réduit d’accumulation, faible articulation interne, dynamisme
insuffisant des exportations, poids de l’intermédiation et structure non concurrentielle de la commercialisation.
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