- L’arrivée au pouvoir d’un nouveau Président de la République en 2002, combinée à
la monté en puissance au niveau international des débats sur la valorisation de
l’environnement brise cependant cet élan et marque le retour vers des démarches
centralisées et vers un cloisonnement de l’environnement qui se matérialisera dans
le troisième programme environnemental (2003-2008), par le recul des démarches
de planification locale et de gestion intégrée des ressources naturelles. Ces
orientations sont complétées à Madagascar par des mesures en faveur du paiement
des services environnementaux et une extension considérable des superficies en
aires protégées avec le soutien des ONG de conservation et de la Banque mondiale
suite au Sommet de Durban en 2003. Le développement durable perd alors de sa
substance puisque le développement rural est relégué à un second plan derrière
l’objectif de gestion des ressources naturelles pris dans sa dimension
« conservationniste ». Sur le plan intérieur, les institutions dédiées à la gestion
durable des ressources naturelles ont été perçues comme empiétant sur les
prérogatives des autres ministères sectoriels et en particulier ceux en charge de
l’agriculture et du développement rural.
Cependant, l’inscription récente du développement durable dans la politique générale de
l’Etat (Ravalomanana, 2006), contenue dans le Madagascar Action Plan (MAP), évite
l’écueil de leur ancrage politique au seul ministère de l’Environnement et pourrait bien
modifier les modes d’élaboration des politiques sectorielles. Ainsi la démarche du
développement durable à Madagascar a été fortement portée par le secteur de
l’environnement. Elle n’a pas éludé totalement le secteur de l’agriculture puisque, d’une part,
les politiques forestières et de protection de la nature se sont positionnées par rapport à une
agriculture résiduelle (exclusion, intégration, tolérance aux abords...) et, d’autre part, le pays
a connu plusieurs générations de politiques de développement rural dont l’enchaînement
montre progressivement une convergence vers une préoccupation de durabilité. En effet, après
avoir été orientées pendant des décennies vers l’intensification de la production agricole, les
politiques agricoles et rurales se sont récemment orientées vers la gestion sociale de l’eau et
vers des approches territoriales et agro-écologiques tenant compte par exemple des relations
entre bassins versants et périmètres irrigués (et notamment des problèmes de fertilité et
d’érosion). Ces évolutions dénotent un besoin et une volonté de prendre en charge de façon
concomitante les aspects économiques, sociaux et écologiques liés au développement
agricole. Enfin, à l’instar d’autres pays, les objectifs de réduction de la pauvreté ont fait leur
entrée dans la politique générale de l’Etat malgache en 2002, avec l’adoption du Document
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