dans la durée de dynamiques associatives locales puis à plus vaste échelle. Dans cette
période, le Mali, avec huit autres Etats africains, crée le Comité Inter-Etats de Lutte
contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) dont les actions vont s’orienter vers la lutte
contre la désertification, et être fortement appuyées par certains bailleurs de fonds (et
notamment la coopération allemande). Les actions vont alors concerner la sécurité
alimentaire directement au niveau des systèmes productifs par la recherche d’une
meilleure maîtrise des eaux et des sols en saison des pluies mais aussi indirectement
via le développement d’activités marchandes de diversification qui peuvent se
dérouler durant la saison sèche permettant de recourir au marché pour réduire
l’insécurité alimentaire. Ces préoccupations ne touchent pas que les zones
septentrionales réputées plus vulnérables aux aléas climatiques mais concernent aussi
les zones sud, où se concentre depuis l’indépendance le développement du coton. Il ne
s’agit pas, dans ces zones, de répondre uniquement à l’aléa climatique mais de se
préoccuper de manière globale du maintien des capacités productives des zones
cotonnières. Cette question est récurrente et questionne très sérieusement le modèle
technique en vigueur (Bosc et Hanak-Freud, 1995). En effet, en 1986 un important
projet de lutte anti-érosive est mis en place entre la Compagnie Malienne pour le
Développement des Textiles (CMDT) et la coopération néerlandaise : l’objectif avéré
de ce projet est le maintien du potentiel productif du coton (Baffes et Baghdadli,
2007). L’environnement, qui apparaît dans la constitution malienne en 1992 est de
plus en plus considéré : en 1995 est élaborée une loi de Gestion de Ressources
Naturelles (GRN) qui reconnaît officiellement et promeut l’existence de pratiques
coutumières anciennes.
- Les années 1990 sont celles de l’émergence du thème de lutte contre la pauvreté, qui
s’installe dans le discours politique suite au « Consensus de Washington ». Les
actions de lutte contre la pauvreté vont constituer un point de passage obligé des
politiques maliennes. Soutenues par les principaux bailleurs de fonds, ces actions vont
venir s’insérer dans le cadre de la définition des Objectifs du Millénaire pour le
Développement. La recherche de la sécurité alimentaire, qui faisait partie des priorités
politiques lors des sécheresses des années 1970, reste la toile de fond des politiques.
La création récente, en 2004, du Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA)
marque la volonté du gouvernement malien de prendre ses distances par rapports aux
bailleurs (rupture de l’accord sur le PRMC) et affirme ainsi une certaine reprise en
main des politiques dans une optique de souveraineté nationale (Egg et al, 2008).
20