Jusqu’à présent, le développement durable a toujours fait l’objet au Mali d’une approche
segmentée ne prenant pas en compte conjointement les trois piliers qui fondent le
développement durable. Cette situation est d’autant plus marquée que les bailleurs de fonds,
très présents, s’inscrivent dans une politique très sectorielle et que les structures
administratives restent assez cloisonnées. D’où un empilement de textes multiples et de
structures administratives en charge des différents pans de la durabilité. Il ne faut toutefois pas
négliger la difficulté qu’il y a à élaborer une politique intégrée de développement durable
prenant en compte ces trois piliers ou à mettre en place des actions de coordination visant à
mettre en cohérence des politiques segmentées, cette difficulté se retrouvant exacerbée par la
dépendance financière des gouvernements vis à vis des bailleurs de fonds.
2.2.3 Synthèse
Dans les deux cas, on observe donc que l’insertion du référentiel du développement durable
est fortement liée à la présence des bailleurs de fonds et donne lieu à des évolutions
chaotiques, tiraillées, souvent peu coordonnées et n’étant pas à même de donner lieu à une
refonte des politiques agricoles et rurales ni à la mise en place de politiques intégrées. Les
actions relevant du développement durable restent avant tout sectorielles, avec une
accentuation marquée sur l’environnemental à Madagascar et sur le social au Mali, et une
tendance à la segmentation et au cloisonnement des actions mises en place. Malgré des
intentions affichées donc, les deux pays se trouvent confrontés aux difficultés de mettre en
place des politiques cohérentes de développement durable16. Cette difficulté est accrue, dans
les deux pays, par l’importance du jeu des bailleurs de fonds dans les processus politiques. Au
delà de ces points de ressemblance, l’insertion du référentiel du développement durable dans
les politiques maliennes et malgaches diffère sensiblement, et notamment du point de vue de
la temporalité du transfert, du contenu du transfert et de la façon d’appréhender la durabilité.
- Si l’on prend comme critère de comparaison l’apparition du vocable de la durabilité
dans les textes politiques, l’insertion du référentiel du développement durable s’est
faite de manière plus précoce à Madagascar qu’au Mali, sans pour autant donner lieu à
une inflexion pérenne des politiques agricoles et rurales ou à la mise en place d’une
politique de développement durable qui fasse référence aux trois piliers de manière
intégrée. Si l’on prend comme critère la mise en place d’actions concernant les piliers
de la durabilité, il est plus difficile de différencier les deux pays, qui se caractérisent
16 Sauf entre 1997 et 2002 à Madagascar où il y a eu des tentatives d’intégration des différentes composantes de
la durabilité et convergence, sur le terrain, des actions de développement durable et de développement rural.
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