composantes environnementales (plans de lutte contre la désertification années 1975-1980,
lois sur la gestion des ressources naturelles années 1985-1995) et sociales (cadres stratégique
de réduction de la pauvreté à partir des années 2000). On observe au Mali, plus qu’à
Madagascar, un décalage entre les discours et les actions relevant du développement durable.
Ainsi, certainement dans une volonté d’affichage et une recherche de légitimité sur la scène
internationale, le pays a signé près d’une trentaine de conventions internationales se référant
au développement durable et depuis 2002 les textes et discours politiques dans lesquels
apparaît le terme « développement durable », foisonnent (de même qu’à Madagascar). Les
responsables administratifs maliens évoquent un « verdissement » des textes politiques
(Gabas et al, 2008). Les politiques doivent se construire dans des cadres stratégiques, définis
pour leur plupart en partenariat (quand ce n’est pas imposés) avec les bailleurs, et qui dans le
cas du Mali insistent particulièrement sur les dimensions économiques et sociales des
processus de développement, à l’instar du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté : en
ajoutant une dimension environnementale aux orientations contenues dans ces cadres (en les
verdissant donc), on obtient un affichage en terme de durabilité. Malgré l’existence de
programmes ciblés, visant notamment à lutter contre la pauvreté et la dégradation des
ressources naturelles, très peu d’actions mises en place peuvent à ce jour être considérées
comme relevant du développement durable. Au Mali, l’analyse historique des interventions
publiques permet de faire l’hypothèse d’une émergence séparée de chacun des trois piliers du
développement durable.
- Les années 1970 voient émerger les questions environnementales comme une priorité
du fait des sécheresses, de la vulnérabilité des sociétés rurales aux aléas climatiques,
mais également de problèmes avérés d’érosion des sols qui viennent limiter le
potentiel productif des terres. La question de la sécurité alimentaire des populations
sahéliennes se trouve au cœur des préoccupations internationales du fait de la
puissance des images transmises dans les pays développés, via les médias notamment.
Des crises climatiques émergent de nouvelles formes d’intervention qui combinent
plus qu’elles n’opposent secteur public et secteur privé. De multiples initiatives
émergent dans cette période qui voit une mobilisation sans précédent des sociétés
civiles au Nord en faveur du développement associatif au Sud. Ces mouvements, à
travers leur dimension apprentissage de l’action collective, contribueront à préparer les
changements démocratiques des années 1990 grâce à un soutien significatif aux
initiatives locales. Le Sahel devient un terrain d’action privilégié pour les ONG dites
de « développement » qui pour certaines tireront leur légitimité d’un accompagnement
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