(Duruflé 1988). Après un ralentissement des mesures libérales au début des années 199010,
Madagascar a signé un Document Cadre de Politique Economique avec les institutions
financières internationales en 1996, qui l’engage à nouveau dans la voie de la libéralisation
économique. Toutefois, l’observation des politiques tend à contredire ce document :
l’intervention publique dépasse largement l’encadrement du fonctionnement des marchés, en
particulier dans le secteur stratégique du riz. Après un effort mesuré de libéralisation des
marchés agricoles pendant la période de l’ajustement structurel, le pays semble donc être entré
dans une phase où l’intervention directe de l’Etat sur les marchés est ré-habilitée, au travers
par exemple de systèmes d’importation de produits alimentaires (riz, huile, farine), et
d’administration des prix.
2.1.2 Le Mali, une libéralisation accompagnée
Au cours du XIXème siècle en Afrique vont se structurer des Etats sur la base de groupes
sociaux remplissant des fonctions particulières. Dans la région du Soudan, correspondant au
Mali actuel, le fonctionnement de l’Etat est celui d’une économie de contrôles et de
prélèvements plus ou moins forcés. Les premières incursions du pouvoir colonial peuvent se
prévaloir de logiques comparables à travers l’intervention militaire (contrôle des territoires),
des missions religieuses (contrôle des esprits) et celle des maisons de commerce (contrôle des
produits locaux et diffusion des produits de la métropole). Ce n’est qu’à partir du début du
XXème siècle que la logique de contrôle et de prélèvement commencera à être contestée en
France et donnera lieu à de nouvelles orientations en matière de politique économique
coloniale. Au Mali, nous pouvons ainsi considérer que la mise en place des premières
politiques agricoles s’est faite lors du premier quart du XXéme siècle, avec la mise en place du
Plan Sarrault (Sarrault, 1923) qui marque clairement une rupture dans la trajectoire de
développement malienne (Egg et al., 2008). Si le plan n’est pas doté de moyens significatifs
sur le long terme, il restera toutefois la référence obligée des interventions de l’Etat colonial
entre 1930 et la fin des années 1950. Il demeure marqué par la volonté profonde d’un
rééquilibrage de la balance commerciale entre la métropole et les colonies avec la crise
mondiale de 1929 et les prémisses de la seconde guerre mondiale comme toile de fond
(Marseille, 1984). Suite à l’indépendance, les logiques interventionnistes vont perdurer au
Mali jusqu’aux années 1980 à travers le maintien d’une économie nationale administrée et
10 Lors de la transition entre les deuxième et troisième Républiques en 1990, la rupture en politique interne a
causé la cessation des accords avec le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale. Le retour à la
stabilité politique a permis la finalisation du DCPE en 1996, condition préalable à la remise en route des accords
internationaux.
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