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par exemple, une section entière intitulée « Tableaux parisiens » est consacrée à la vie
urbaine. Cette partie inclut des poèmes comme « Le Cygne », qui chante la perception
esthétique provoquée chez le poète par la vue des changements que subit le paysage
parisien, « Les Petites vieilles », hommage poétique aux Vieillardes abandonnées à elles-
mêmes dans la ville, ou bien encore « Le Crépuscule du Matin », qui sublime la misère
des pauvres, des prostituées et des ouvriers. De même le recueil Petits Poèmes en prose,
dont l’un des autres titres est Le Spleen de Paris, compte de nombreux textes basés sur
l’expérience citadine. Il s’agit par exemple du « Mauvais vitrier », personnage qui,
d’après le poète, devrait fournir des verres ayant la capacité de faire percevoir le monde
autrement, du poème « Les Foules » qui chante le bonheur esthétique de puiser une
inspiration infinie dans la multitude anonyme, ou bien encore du « Vieux saltimbanque »,
soulignant la valeur d’une parade de forains dans un quartier pauvre.
L’œuvre de Baudelaire fait donc état d’un vocabulaire autour du domaine du
quotidien et de l’utilitaire, sphère traditionnellement impropre à la littérature et inadaptée
au genre lyrique. Benjamin indique bien que :
The Fleurs du mal is the first book that used in poetry not only words of
ordinary provenance but works of urban origin as well. Yet Baudelaire by
no means avoided locutions which, free from poetic patina, strike one with
the brilliance of their coinage. He uses quinquet, wagon, or omnibus, and
does not shrink from bilan, réverbère, or voirie.
Au-delà d’un vocabulaire lié à la vie présente, certains textes baudelairiens portent sur
des objets quotidiens, qui deviennent par là-même lyriques. Benjamin souligne en effet
que « [Baudelaire’s] images are original by virtue of the inferiority of the objects of
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too.