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de le colorer de nuances nouvelles [...] ».312 En ce sens donc, Prévert innove et
transgresse les normes lyriques comme linguistiques, instaurant un lexique, des
significations et des formes inédites. Ainsi, remarquent Gasiglia-Laster et Laster : « Un
siècle après Victor Hugo, [Prévert] met un bonnet rouge au vocabulaire, allant beaucoup
plus loin que son prédécesseur dans l’usage des mots considérés comme non poétiques et
la destruction des formes imposées : tout semble permis à condition de ne pas dire
. 313
n importe quoi. »
L’anti-conformisme de la poésie de Prévert se base aussi sur l’usage du présent et
du quotidien, en particulier sur des références aux caractéristiques de l’époque actuelle ou
à ce qui se rencontre dans la vie de tous les jours. L’innovation de l’approche poétique
prévertienne débute par l’usage d’un lexique qui s’éloigne de la langue littéraire.
Utilisant volontiers un parler populaire, Prévert défend la valeur poétique de ce registre
de langue qui évolue et crée sans cesse, à l’opposé du jargon érudit qui fige les formes et
les significations linguistiques : « Le peuple transforme la langue, explique-t-il dans
Hebdromadaires. Les grands de ce monde la codifient. Le langage du peuple, on lui doit
presque tout. »3’4 Le poète remarque par exemple au sujet du peuple que « [c]haque fois
que survient quelque chose de nouveau, aussi bien un objet industriel qu’une nouvelle
façon de faire marcher une chose, les gens qui travaillent ou même ceux qui ne foutent
rien, trouvent toujours une expression immédiate et poétique. »315 Outre le registre de
langue, la structure même des poèmes de Prévert témoigne d’un intérêt particulier pour le
312 318.
313 vol. 2 1088.
314 Prévert et Pozner 907.
315 Pré vert et Pozner 907.