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Prévert est proche342: «sans être vraiment surréaliste, déclare-t-il, j’avais les mêmes
ancêtres qu’eux... Rimbaud, bien entendu, Mallarmé, les symbolistes [...]».343 Pour
résumer, Césaire relève que sa poésie repose sur une constante recherche de liberté et
d’exploration à travers la parole.344 Ainsi affirme-t-il, « le poète vrai souhaite
abandonner le mot à ses libres associations »345 tandis qu’« [il] refai [t] une langue qui
n’est pas le français ».346 Par conséquent, et comme chez les deux autres poètes, la
conception artistique qu’embrasse Césaire est une vision subjective, individuelle du
monde. Dans le cadre de l’activité littéraire, il remarque par exemple que « c’est le poète
qui fait son langage ».347 Dans le texte « Mot », le poète revendique en effet un usage et
un rapport personnel avec les termes de la langue française. Ainsi décrit-il :
Parmi moi
de moi-même
à moi-même
hors toute constellation
en mes mains serré seulement
le rare hoquet d’un ultime spasme délirant
vibre mot348
342 Le Dictionnaire abrégé du surréalisme édité par Paul Eluard et André Breton statue en effet que Prévert,
s’il ne publie rien à cette époque, mène « une activité surréaliste proprement dite de 1926 à 1929 » (Paris :
Galerie des Beaux-Arts, 1938) 22.
343 Cité par Leiner, vol. 1 112.
344 Cité par Leiner, vol. 1 129.
345 Aimé Césaire, « Poésie et connaissance », Tropiques 12 (1945) : 164.
346 Cité par Leiner, vol. 1 119.
347 Cité par Leiner, vol. 1 119.