par la suite sous le titre Cadastre, comme « La Chevelure », « Couteaux midi » et
«Corps perdu». Au-delà des écrits poétiques produits par les trois auteurs, j’aurai
recours tout au long de ma réflexion à certains de leurs textes non littéraires, ainsi qu’à
des recherches biographiques ou critiques à leur sujet. Je consulterai par exemple les
comptes-rendus de salons, la correspondance et les journaux intimes de Baudelaire, les
biographies et les entretiens dédiés à Prévert, et enfin les discours politiques et les essais
de Césaire.
Dans la première partie de mon travail, j’exposerai le cadre philosophique et
sociopolitique qui sous-tend l’apparition d’une transfiguration esthétique comme réponse
au mal-être humain et social. Ceci me permettra plus précisément de déterminer en quoi
le passage final à la modernité rend possible et justifie le mode de réflexion et la
démarche de perception mise en scène dans les textes des trois auteurs. Au cours de cette
analyse, je relèverai entre autres le caractère pré-moderne de Baudelaire. Alors que je
définirai en premier lieu la modernité dans le cadre du XIXe siècle suivant la perspective
nietzschéenne d’abandon du divin explicateur, je démontrerai en effet en quoi Baudelaire
peine encore à accepter l’absence d’un quelconque pouvoir supérieur dirigeant
l’humanité. Dans ce cadre, le poète ne considère aucune possibilité pour l’homme
d’améliorer son sort et d’atteindre une sérénité existentielle de lui-même. Considérant
l’humanité comme une masse passive, conception toute anti-moderne, le poète incite tout
un chacun à fuir sa condition et le « Gouffre » qui le guette en cherchant une
échappatoire, par exemple dans l’ivresse comme le propose le poème « L’Âme du vin »