et remise en cause des normes épistémologiques et sociales néfastes à l’homme. Je
discuterai finalement des limites du pouvoir et des degrés d’efficacité d’une telle
perception. A terme, mon étude soulignera une évolution du discours sur cette
transfiguration au cours des deux siècles derniers, cette vision passant d’un cadre
perceptif et individuel à la sphère politique et collective. Mon travail permettra aussi de
tirer des conclusions inédites sur les enjeux des textes en question et sur la conception
propre des trois auteurs concernant la poésie, ainsi que sur l’état du discours
épistémologique, philosophique et esthétique en territoire français au XIXe et au XXe
siècles.
Pour mener à bien mon analyse, j’explorerai deux ouvrages de chaque auteur. Le
choix des textes se justifie d’abord par leur apport à la problématique étudiée, c’est-à-dire
la misère humaine et sociale et la perception esthétique qui y répond. De plus, les deux
œuvres du même poète se trouvent complémentaires en termes de style et de contenu,
s’approfondissant, s’élargissant, ou parfois même se contredisant l’une l’autre. Ainsi
pour Baudelaire, je me concentrerai sur Les Fleurs du mal (1861), et en particulier sur les
sections « La Mort », « Tableaux parisiens » et « Le Vin ». J’analyserai aussi des poèmes
du recueil Petits poèmes en prose (1869) tels que «Le Mauvais vitrier», «Le Vieux
saltimbanque », « La Chambre double » et « Le Joujou du pauvre ». Les textes de
Prévert que j’étudierai sont tirés des recueils Paroles (1946) et de Spectacle (1951). Il
s’agira par exemple de « Pater Noster », du « Temps Perdu », de « Page d’écriture », ou
bien encore d’« Intermède » et du «Miroir brisé». Le poème en prose Cahier d’un
retour au pays natal (1939) sera au centre de mon étude sur Césaire, en dialogue avec des
textes provenant des recueils Soleil cou coupé (1948) et Corps perdu (1949), regroupés