134
Alors que celle-ci appelle l’animal en chuchotant « China town / China town »390 — son
qui renvoie au bruit monotone des roues du train sur les rails —, « Le taureau n’écoute
pas son bruit / Il écoute seulement / et tristement / la chanson des tanneurs »391 —
référence à la valise en cuir que porte le voyageur. Les termes « tanneur » et « China
town » sont par ailleurs reliés phonétiquement.392 Au petit jour, le roi découvre sa femme
éventrée par le taureau et ordonne à ses serviteurs de tuer l’animal. Cependant, puisque
la virilité du Roi est en jeu et que « les apparences doivent être sauvées » précise la voix
poétique393, celui-ci se présente devant la foule de ses sujets « avec / sur la tête / deux
cornes ensanglantées », prétendant ainsi avoir lui-même exécuté la bête et détenir
désormais sa force.394
Outre que de combiner des détails du voyage, le rêve semble surtout exprimer la
frustration du rêveur face à des événements de sa vie privée. Ainsi, explique la voix
poétique :
11 a fait un mauvais voyage
Tofficionado
la corrida n’a pas été réussie
la Reine a empêché la mise à mort
Il a des cauchemars à cause de cela
et aussi des remords
390 Jacques Prévert, « La Corrida », Spectacle 399, v. 157-158.
391 v.164-167.
392 Gasiglia-Laster et Laster, vol. 1 1227.
393 v.266.
394 v.275-277.