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de réminiscence dans l’esprit du poète. Celui-ci accède alors au plaisir d’entendre une
fois de plus la voix et le rire d’une personne chère disparue ; le poète raconte :
Le petit homme de la jeunesse
a cassé son lacet de soulier
et toutes les baraques de la fête se sont écroulées
et dans le silence de cette fête
dans le désert de ma tête
j’ai entendu ta voix heureuse
et j’ai mis ma main sur mon cœur
où remuaient
les sept éclats de glace de ton rire étoilé.382
Cette expérience insolite constitue bien une remise en question du commun, de ce qui est
là, pour une ouverture à une perception imagée. Ainsi, un objet aussi banal qu’un lacet
de chaussure se brise et un événement ordinairement associé à des sentiments positifs
comme une fête s’écroule pour laisser place, dans ce silence et ce désert des normes
perceptives, à la vision d’une personne aimée, présentée ici comme un élément cosmique
guide : une étoile. Ici, le poète fait bien l’usage de la réminiscence pour ressentir à
nouveau l’amour de cet être disparu, tandis que cette sensation est déclenchée par le
382 v.3-16.