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cette vision transfigurante de l’univers, qui unifie les éléments qui l’entourent, le poète
constate alors gaiement : « Eia ! Parfait cercle du monde et close concordance. »460 Cet
élan vers une réunification sereine des éléments du monde se retrouve dans le poème
« Corps perdu ». A la fin du processus imagine le poète, l’univers deviendrait accueillant
et harmonieux, tandis que chaque composant du monde s’harmoniserait tout en
conservant ses caractéristiques propres :
Dehors une belle brume au lieu d’atmosphère serait point sale
chaque goutte d’eau y faisant un soleil
dont le nom le même pour toutes choses
serait RENCONTRE BIEN TOTALE
si bien que l’on ne saurait plus qui passe
ou d’une étoile ou d’un espoir
ou d’un pétale de l’arbre flamboyant
ou d’une retraite sous-marine
courue par les flambeaux des méduses-aurélies
Alors la vie j’imagine me baignerait tout entier
mieux je la sentirais qui me palpe et me mord
couché je verrais venir à moi les odeurs enfin libres
comme des mains Secourables
qui se feraient passage en moi461
459 49.
460 Cahier 67.
461 Aimé Césaire, « Corps perdu », Corps perdu 277.