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La communication universelle, totale, qu’engendre la perception relationnelle entre les
éléments cosmiques permet alors des rencontres improbables et réconcilie les
oppositions. Ici, il s’agit par exemple de faire se côtoyer l’eau et le soleil, l’espoir et
l’étoile, ou bien encore le pétale et le flamboyant.
Comme le mentionne le poète dans « Corps perdu », l’homme qui considère le
monde à travers cette vision poétique fait aussi l’objet de cette harmonisation : désormais
au centre du cosmos et du mouvement vital dans une fusion parfaite avec tous les
éléments qui composent l’univers, la vie le baigne tout entier. C’est ainsi que le poète du
Cahier, après avoir congédié la raison et fait appel à l’imagination pour appréhender le
monde, se sent peu à peu pénétré par ce qui l’entoure jusqu’à devenir ce qu’il observe et
ce à quoi il pense :
A force de regarder les arbres je suis
devenu un arbre et mes longs pieds
d’arbre ont creusé dans le sol de larges
sacs à venin de hautes villes d’ossements
à force de penser au Congo
je suis devenu un Congo bruissant de
forêts et de fleuves
[•••]
où l’eau fait
Iikouala-Iikouala 462
L’union universelle que redessine l’esthétique de la vision césairienne est sans nul doute
la voie vers un dépassement de l’angoisse existentielle et d’une condition sociale
462 54.