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réflexion sérieuse sur le rapport de l’écrivain à l’urbain dans le cadre de la montée du
capitalisme.
Si de nombreuses analyses de l’œuvre de Prévert se concentrent sur les importants
thèmes abordés de mon étude, comme une inspiration tirée du quotidien et un intérêt
particulier pour les démunis, ces perspectives se présentent en général séparément dans
les recherches. Peu de critiques relient en effet le traitement de la condition des
défavorisés aux perceptions esthétisantes de la réalité que dépeint le poète et dont celui-ci
incite les pauvres à faire l’expérience. Dans mon travail sur Prévert, la difficulté
principale réside dans le peu de sources critiques à disposition. La majorité des ouvrages
consacrés au poète, qu’ils soient organisés chronologiquement ou thématiquement, sont
de nature biographique, tels que le Prévert d’Andrée Bergens, Jacques Prévert de Yves
Courrière ou bien encore Jacques Prévert. Des mots et merveilles de René Gilson. Au-
delà, les recherches sur l’œuvre poétique de l’écrivain se concentrent principalement sur
son usage particulier du langage ou sur les champs thématiques qu’il affectionne. Il
s’agit par exemple de l’anthologie éditée par Marc Lapprand et intitulée Trois fous du
langage : Vian, Queneau, Prévert ou bien des études regroupées par Carole Aurouet,
Daniel Compère, Danièle Gasiglia-Laster et Arnaud Laster dans Jacques Prévert.
« Frontières effacées ». Refusant de se considérer comme un intellectuel et un critique
littéraire, Prévert n’a jamais produit de texte théorique sur sa vision de la littérature ni sur
sa conception des méthodes, des buts et de la valeur à assigner à l’œuvre poétique. Seuls
les quelques entretiens qu’il a accordés, notamment sous forme d’une collaboration avec
André Pozner publiée sous le titre Hebdromadaires, ainsi que sa correspondance, en
particulier avec ses amis écrivains, peuvent nous éclairer à ce sujet. A ma connaissance,