13
transfiguration esthétique : l’une engendrée par le don naturel, l’autre permise par le
dénuement social, et la dernière reliée à une philosophie de pensée négro-africaine.
Outre le fait de mettre en dialogue des artistes bien différents, mon analyse se
targue de dépasser les discours communs sur les trois poètes enfin d’en dévoiler des
perspectives inédites. Certes, ma recherche se base sur certaines caractéristiques bien
connues des auteurs et de leurs œuvres. Cependant, ces attributs familiers sont mis au
service de la question qui me préoccupe, ce qui me permet de renouveler la connaissance
et l’interprétation des textes étudiés. Pour Baudelaire par exemple, la question d’une
élévation perceptive, en particulier à travers la notion de correspondance, est largement
étudiée. Le poète décrit lui-même à plusieurs reprises ce processus par analogie sur
lequel repose sa conception poétique du monde, conception qui apparaît en son essence
dans le texte «Correspondances». Cependant, peu d’analyses étudient de manière
approfondie les effets et les raisons de cette perception poétique, ainsi que les alternatives
offertes aux individus autres que les artistes. Ainsi, mon étude s’interroge bien sur le
pouvoir harmonisant, apaisant et subversif de la vision transfigurante chez Baudelaire.
Elle dévoile aussi la présence dans le discours baudelairien de deux modes d’élévation de
l’esprit : l’une, idyllique et Idéale, est réservée à l’âme artiste ; l’autre, pis-aller offert aux
communs des mortels, se présente comme un paradis artificiel créé par l’usage de
substances extérieures telles que l’alcool et la drogue. Enfin la question sociale, centrale
dans mon analyse, est très peu souvent discutée, si ce n’est de manière superficielle, dans
les essais critiques sur Baudelaire. Seulement dans l’œuvre de Walter Benjamin intitulée
Charles Baudelaire : a Lyric Poet in the Era of High Capitalism trouve-t-on une