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Au-delà des réflexions sur les auteurs étudiés et leurs œuvres, la présente étude
soulève finalement des questions plus larges concernant le concept de modernité même et
d’esthétique moderne. Par l’usage d’éléments caractérisant l’évolution du discours
philosophique, social et épistémologique au passage final à la modernité qui s’installe au
XIXe siècle, je montre d’abord en quoi l’appel à une perception par transfiguration
esthétique est possible et nécessaire dans ce contexte. D’autre part, j’apporte des
éléments de compréhension du concept même de « moderne ». Il s’agit en particulier de
relever le lien entre perte du divin explicateur, développement du capitalisme, réflexions
sociales et sentiments humanistes dans la France du XIXe siècle. Au terme de ma
recherche, je montre aussi en quoi le rôle de l’esthétique, et en particulier du texte
poétique, se transforme avec l’avènement d’une épistémologie moderne : d’une nature
mystique et personnelle, le Beau prend une tournure plus universelle et sociale, se posant
comme porte-parole et élan d’espoir pour une humanité désormais en quête perpétuelle
de bonheur et de sérénité existentielles.