46
Toujours dans la direction du discours moderne, la nature est une source de vie
essentielle. Tout d’abord, le poète chante les qualités et la richesse de cette composante
dans le poème « Cercle non vicieux » où il déclare :
La nature n’est pas compliquée
Toutes mes suppositions Sontjustes
Toutes mes implications fructueuses
Aucun cercle n’est vicieux
Creux.103
Césaire considère le naturel et le brut comme des états bénéfiques, bienheureux et
sereins. Dans le poème « An neuf » par exemple, le poète prédit une ère de
bouleversements positifs vers un renouveau, imaginant que dans ces changements, « des
forêts naquirent aux borinages ».104 Comme l’expliquent Lilyan Kesteloot et Barthélemy
Kotchy, ce vers fait référence à la retransformation des exploitations houillères en forêts
qui étaient initialement à leur place.105 Significativement, cette idée rappelle sans
conteste la dynamique en place dans le poème prévertien « Page d’écriture » où l’enfant
devient heureux et épanoui dans le paysage naturel composé des matières brutes qui
constituaient les objets de la salle de classe. Privilégiant cette démarche de retour à
l’origine, « An neuf » s’oppose directement au texte baudelairien « Rêve parisien » à
propos de la valeur et des pouvoirs de l’état naturel.
103 Aimé Césaire, « Cercle non vicieux », Soleil cou coupé, 1948, ed. Jean Paul Césaire, vol. 1 (Fort-de-
France : Désormeaux, 1976) 259.
104 Aimé Césaire, « An neuf », Soleil cou coupé, Aimé Césaire. L'homme et l’œuvre par Lilyan Kesteloot et
Barthélemy Kotchy, (Paris : Présence africaine, 1973) 33. Le vers cité est manquant des œuvres complètes
de Césaire éditées par Jean Paul Césaire.
105 34.