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his epoch. The eyes of the first investigators of pauperism were fixed on him with the
mute question as to where the limit of human misery lay ».202
Autre figure récurrente dans les réflexions de Baudelaire, l’ouvrier semble attirer
la sympathie naturelle de l’artiste. Dans la notice d’un recueil de chansons de Pierre
Dupont par exemple, le poète exprime son admiration pour les qualités artistiques des
textes de Dupont sur la dure vie des défavorisés ; il entame alors une réflexion esthétique
et sociologique sur la condition des travailleurs d’usine :
Il est impossible, à quelque parti qu’on appartienne, de quelques préjugés
qu’on ait été nourri, de ne pas être touché du spectacle de cette multitude
maladive respirant la poussière des ateliers, avalant du coton,
s’imprégnant de céruse, de mercure et de tous les poisons nécessaires à la
création des chefs-d’œuvre, dormant dans la vermine [...].203
Cependant, et au-delà de constater une misère humaine et sociale accrue à son époque,
Baudelaire ne semble pas encore à même, comme le feront les auteurs du XXe siècle, de
forger une réflexion et une critique approfondies sur les responsables de ces malheurs et
l’impact humain qui découle du mode de vie en développement. Son discours paraît se
fonder principalement sur des considérations esthétiques et sociales plutôt que politiques
et polémiques.
202 1 9.
203 Charles Baudelaire, «Pierre Dupont » [I], 1851, Œuvres complètes, vol. 2, ed. Claude Pichois (Paris:
Gallimard, 1975) 31.