En effet, depuis les années 80, la notion de réseau a connu un usage extensif,
notamment en économie industrielle, autour de thèmes relatifs à l’organisation
industrielle et à la coopération technologique. Au début des années 80, les recherches en
sciences de l’ingénieur sur les réseaux d’infrastructures sont pléthoriques (notamment
les réseaux informatiques, les réseaux de télécommunications, les réseaux routiers et les
réseaux de transport). Nait alors une économie industrielle des réseaux qui s’inscrit dans
la dominante de la micro-économie et qui s’efforce de caractériser l’objet réseau en tant
que système technique et économique spécifique.
hal-00480084, version 1 - 3 May 2010
A partir des années 90, d’autres auteurs développent une approche en économie des
interactions. Le réseau est vu comme une structure particulière d’interactions entre
agents économiques. Ces travaux ne considèrent plus le réseau comme un objet d’étude
spécifique mais comme un outil permettant de comprendre et de formaliser des
phénomènes économiques. Dans le même temps, une sociologie des réseaux sociaux
s’impose, à la suite des travaux de M. Granovetter4. Cette sociologie vise à mettre en
évidence le caractère encastré des interactions sociales. Mais l’économie des
interactions d’un côté et la sociologie des réseaux de l’autre, travaillent en parallèle.
Au milieu des années 90, on assiste à un rapprochement entre ces deux apports
(économie des interactions et sociologie des réseaux). De là, naît un riche champ
d’investigation où les aspects pluridisciplinaires voient se rencontrer des sociologues et
des économistes, des spécialistes de la théorie des graphes et de la théorie des jeux, des
physiciens et des biologistes. Durant cette décennie, les chercheurs tentent de saisir
comment émergent et se forment des réseaux (morphogénèse).Tous ces travaux sont,
selon P. Cohendet et al.5 souvent inspirés des travaux de l’école du Santa Fe Institute.
A cet égard, il est important de souligner l’articulation entre la logique interne des
organisations en réseaux et son imbrication avec une logique inter-organisationnelle. En
conséquence de quoi, ce texte démontre que l’on ne saurait séparer une lecture intra-
organisationnelle d’une lecture inter-organisationnelle et, de ce point de vue, il participe
d’un renouvellement des recherches dans le domaine de la théorie des organisations.
La légitimité technologique du réseau
4 M. Granovetter, “The Strength of Weak Ties”, American Journal of Sociology, n°78, p. 1360-1380,
1973
5 P. Cohendet & P. Llenera, « La conception de la firme comme processeur de connaissances », Revue
d’Economie Industrielle, n° 88, 1999, pp. 211-235