On peut aujourd’hui proposer quatre champs disciplinaires comme point d’appui à la
notion de réseau :
- Le champ des sciences de l’ingénieur qui appréhende les réseaux sous l’angle de la
modélisation qu’ils offrent de l’interconnexion permettant le transport de matières,
d’informations, etc. Les réseaux constituent à la fois un modèle de l’espace et celui
d’une cible.
- Le champ de l’économie qui utilise la notion de réseau par référence à sa nature
technico-économique permettant la mise en relation d’offreurs et de demandeurs. Le
réseau est ici le support d’une intermédiation et un instrument d’allocation des
ressources.
hal-00480084, version 1 - 3 May 2010
- Le champ des sciences des organisations qui comprend le réseau comme un mode
d’organisation ayant pour objectif de coordonner des activités pouvant appartenir à
des entités indépendantes par création de compétences cumulatives. Il explique ainsi
ce qui était laissé de côté par la hiérarchie et la transaction. Le réseau possède la
plasticité qui fait défaut à la majorité des concepts organisationnels et il est utilisé
en conséquence, par exemple pour rendre compte de phénomènes tels que le
changement, l’apprentissage organisationnel, la coopération, etc. Il offre un support
permettant de parler de l’interaction.
- Le champ sociologique qui va mettre en avant une compréhension du champ des
relations entre les agents sociaux au travers de la notion de réseau social avec M.
Granovetter8 et M. Callon & B. Latour9 (cf. Actor Network Theory - ANT). Le
premier cherche à comprendre le tissu relations sociales à partir des liens qui
s’établissent entre les actions individuelles et les situations sociales. L’action est
« encastrée » au sein d’un réseau de relations qui replacent les individus les uns avec
les autres. Les choix individuels ne peuvent faire abstraction des autres dans la
mesure où ils sont largement prédéterminés par d’autres réseaux sociaux. Les
réseaux sociaux apparaissent comme une forme intermédiaire entre les niveaux
macro et micro-sociaux. Les motivations individuelles ne peuvent donc rendre
compte du comportement des agents, comme le prétend la psychologie, les positions
dans les organisations étant au moins tout aussi déterminantes de la compréhension
des comportements. Les seconds auteurs proposent une compréhension des relations
sociales par enchevêtrement des niveaux dans lesquelles interviennent les acteurs et
8 M. Granovetter, “Economic Action and Social Structure: the Problem of Embeddedness”, American
Journal of Sociology, vol. 91, n°3, 1985, pp. 481-510
9 cf. M. Callon & B. Law, « La protohistoiure d’un laboratoire » in M. Callon (Ed.) La science et ses
réseaux. Genèse et circulation des faits scientifiques, La Découverte, Paris, 1989
B. Latour, Ces réseaux que la raison ignore, L’Harmattan, Paris, 1992