Document de travail du Centre d’études de l’emploi
Si le niveau d’éducation initial jouait un rôle de protection contre le chômage et l’inactivité
pour les individus en emploi, son impact est plus mitigé pour les personnes au chômage : il
joue un rôle positif sur le retour à l’emploi mais ne réduit pas significativement la probabilité
de passage vers l’inactivité. En revanche, pour les inactifs, il influence favorablement le
retour à l’emploi (et la transition vers le chômage).
Les inégalités par genre apparaissent complexes. Les chômeuses subissent un double
désavantage : partant du chômage, elles ont à la fois moins de chances que les hommes de
revenir vers l’emploi et plus de chances de s’éloigner encore davantage de l’emploi en
transitant vers l’inactivité. Cependant, de manière à première vue contre intuitive, les femmes
ont plus de chances de transiter vers l’emploi que les hommes quand elles sont inactives.
Cela révèle les natures différenciées de l’inactivité chez les hommes et les femmes :
l’inactivité féminine est majoritairement liée à l’éducation des enfants tandis qu’elle est en
général associée chez les hommes à des problèmes de santé (invalidité, éventuellement
consécutive à une longue maladie). Ce constat est développé pour le cas du Royaume-Uni
par Faggio et Nickell (2005). Pour l’Union européenne à 25, selon le Labour Force Survey,
la part des inactifs pour raison de santé est de 18 % pour les hommes, et de 11 % pour les
femmes, tandis que la part des femmes inactives pour raison familiale s’élève à 25 %, contre
1,5 % pour les hommes (Commission européenne, 2005).
Les jeunes, comparés aux 25-54 ans, connaissent des probabilités supérieures de transiter
vers l’emploi ou vers l’inactivité (le chômage) plutôt que de rester au chômage (en
inactivité). Ce résultat confirme la très grande mobilité des jeunes entre ces trois états comme
l’indiquait déjà la première régression : les 15-24 ans ont toujours plus de chances de changer
d’état que de rester dans la même situation que l’année précédente. Les alternances entre
études, emplois temporaires et recherches d’emploi expliquent cette remarquable mobilité.
Les seniors (55-64 ans) lorsqu’ils sont au chômage ont moins de chances que les 25-54 ans
de retourner vers l’emploi et à l’inverse plus de chances de transiter vers l’inactivité, ce qui
est concordant avec le cycle de vie. De même, s’ils sont inactifs, leur probabilité de retour à
l’emploi (ou de passage par le chômage) est très réduite.
Les personnes vivant en couple ont à la fois plus de chances d’aller vers l’emploi depuis le
chômage ou l’inactivité, et plus de chances de transiter vers l’inactivité depuis le chômage.
Cela confirme les résultats précédents : la vie en couple semble réduire les risques de
chômage mais favorise l’inactivité. Toutefois, les périodes d’inactivité pour les individus en
couple ne paraissent pas constituer en général des processus d’exclusion durable du marché
du travail dans la mesure où vivre en couple augmente la probabilité de retour à l’emploi.
Sans surprise, l’état de santé des chômeurs et des inactifs joue négativement sur leur
probabilité de passer vers l’emploi et positivement sur la transition chômage inactivité. Ceci
confirme que la maladie induit un risque d’exclusion durable du marché du travail, et que la
réinsertion de ces populations se heurte à des difficultés spécifiques.
Comparés à l’Allemagne, un assez grand nombre de pays présentent des probabilités
supérieures de transition vers l’emploi partant du chômage : ceci concerne le Danemark, la
Suède, l’Islande, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Hongrie et la Lettonie. Mais vivre en France,
en Belgique, en Italie, en Pologne ou en Slovénie réduit cette probabilité de transition
favorable par rapport au cas allemand, ce qui laisse penser que le chômage mène plus
facilement à l’exclusion dans ces pays. Un groupe de pays se caractérise par des probabilités
plus grandes de passage vers l’inactivité depuis le chômage (Espagne, Estonie, Hongrie, Italie,
Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède). Concernant les transitions depuis l’inactivité,
l’introduction des indicatrices pays dans cette régression fait ressortir la singularité du
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